Taquineries [PV Selephim Seth] [Terminé]

Déria s’ennuyait.

Assise négligemment dans un des fauteuils dans ses appartements, elle s’ennuyait.

Elle se déplaça, posant ses jambes sur un accoudoir, laissant pendre sa tête sur l'autre, elle soupira. Elle avait horreur de s'ennuyer.

Elle envisagea une petite escapade sur terre, à des fins récréatives cette fois. Mais au souvenir de la dernière visite qu'elle y avait faite, elle se rembrunit.

Sa dernière incursion chez les humains datait de quelques jours et avait été des plus contrariante. Son « client » n’était pas disposé à la laisser l’emmener. Son âme avait même réussit à lui fausser brièvement compagnie, obligeant Déria à la chasser. Elle avait été mortifiée de s’être laissée avoir ainsi. Elle s'était assurée que le voyage de cette âme vers les prisons de l'enfer soit des plus désagréables et elle espérait bien que ce rebelle serait mâté lors de son séjour.

De repenser à ces évènements la contraria.

Maintenant, elle était contrariée ET s’ennuyait. Elle avait un urgent besoin de se changer les idées.

Elle jeta un coup d’œil à la bibliothèque bien fournie qui occupait tout un pan de mur de la pièce. Elle caressa un instant l’idée de s’installer confortablement avec un de ouvrages récréatifs qu’elle y trouverait, mais abandonna l’idée avec une moue dépité. Non, ce n’était pas d’un livre qu’elle avait besoin. Elle avait besoin de s’amuser un peu… avec quelqu’un de vivant.

Faire venir un des ses serviteurs ? Non. Ça ne serait pas assez drôle. Elle se sentait d’humeur taquine… mais pour taquiner, il faut qu’il y ait un minimum de répondant, et ses serviteurs en manquaient cruellement.

Peut-être pourrait-elle aller s’amuser aux dépends d’un des ses « frères » ou d’un démon subalterne ?

Un sourire éclaira son visage. Oui. Il y avait longtemps qu’elle ne les avait pas enquiquinés. Elle se releva vivement, se sentant soudain pleine d’entrain.

Elle ne savait pas encore qui aurait l’honneur de lui servir de victime. Elle verrait bien lequel croiserait son chemin en premier, ou vers les quartiers de qui ses pas la conduiraient. C’était aussi tout l’intérêt de la chose. L’improvisation.

Esquissant une petite pirouette, elle quitta ses quartiers, claquant la porte derrière elle et se mit en chasse dans les méandres du bas-enfers.

Déria errait dans les couloirs des Bas-Enfers, impatiente de voir qui le hasard l’amènerait à croiser. Elle se serait contentée d’un démon subalterne qu’elle aurait pu tourmenter, mais elle espérait que ce serait un plus gros poisson.

Elle réfléchissait à ce qu’elle pourrait faire, en fonction de la personne qu’elle croiserait. Elle savait suffisamment de choses sur chacun de ses "frères" pour pouvoir s’amuser un moment avec n’importe lequel d’entre eux.

Surprenant un mouvement dans l’ombre du couloir, elle sortit de ses pensées pour se concentrer sur la forme qui se dirigeait vers elle.

Lorsqu’elle le reconnut elle sentit son sourire s’élargir et son excitation croître. Paaaarfait ! Il était exactement celui qu’elle avait espéré.

Lors de sa dernière incursion sur terre, elle avait appris des choses extrêmement intéressantes à son sujet. Des choses avec lesquelles elle était sûre de pouvoir l’embarrasser et elle adorait le voir s’efforcer de garder une apparence totalement détachée en calme en toutes circonstances.

Elle se dirigea vers lui de sa démarche chaloupée.

« Selephim ! » dit-elle d’une voix roucoulante en arrivant à sa hauteur.

Elle posa sa main sur l'épaule du démon qui lui faisait face avant de le contourner, faisant glisser légèrement sa main sur son dos jusqu’à son autre épaule, où elle posa ses deux mains croisées avant d’y installer son menton et de murmurer à son oreille.

-« J’ai entendu une histoire très intéressante l’autre jour, sur terre. L’histoire d’un démon qui aurait rencontré une humaine dans le calme de la nuit d’un cimetière… »

Elle s’interrompit un instant, et recula un peu, cherchant à capter le regard de Selephim. Avec un sourire en coin et des yeux moqueurs elle reprit de sa voix de velours, cette voix qu’elle utilisait avec les "clients" qu’elle voulait rassurer :

-« Tu devrais te méfier, Selephim… Dans les cimetières, les tombes ont des oreilles et même parfois des yeux. Et surtout, pour qui sait s’y prendre, elles ne sont pas aussi muettes que ce qu’on peut penser. »

Elle resta à nouveau silencieuse un instant pour étudier la réaction de Selephim avant de reprendre :

-« Mais, dans un esprit d’équité, j’aimerais beaucoup entendre ta version de cette histoire… »

"Rien de notable." Dit-il d’une voix morose. "Si tu tiens à tout savoir, j'ai juste trouvé en cette humaine la possibilité d'étendre mes connaissances, notamment en matière de magie, mais il se trouve que cela n'en valait pas la peine. Rien de plus."

Déria sourit. Selephim dans toute sa splendeur, froid, désabusé et totalement dépourvu d’humour. Voilà qui en faisait une proie de choix pour quelqu’un comme elle. Elle adorait le taquiner, essayer de le faire sortir de sa réserve, même si ses réactions d’agacement restaient toujours très contrôlées.

"Et à quoi t'adonnes-tu donc, Armageddon ?" ajouta-t-il avec un air de ne pas y toucher.

Armageddon… pourquoi fallait-il qu’il soit toujours si cérémonieux.

Mais, sa manière d'éluder la question comme si ça n'avait pas d'importance, ainsi que la question qu’il lui retourna montraient clairement qu’il était pressé de changer de sujet. Visiblement, il n’avait pas envie de s’étendre sur sa rencontre. Bien. Alors, c’était là qu’il fallait insister, l'histoire devait être beaucoup plus intéressante que ce qu'elle avait imaginé.

Déria pesa un peu plus sur l’épaule de Selephim, appuyant son buste contre lui.

-« A quoi je m’adonne ? En se moment, à pas grande chose… mais ça me laisse plein de temps pour apprendre à mieux connaître mes « frères ». C’est fou ce que certaines âmes peuvent être bavarde quand leur promet un traitement de faveur. »

Elle s’arrêta un instant, le temps de pirouetter autour de lui pour aller sensuellement se poser sur l’autre épaule de son interlocuteur, et surtout pour lui laisser le temps d’imaginer ce qu’elle avait pu apprendre sur son compte.

Approchant ses lèvres de l’oreille du démon elle souffla :

-« Dis-moi, Selephim… Quel genre de magie pratiquait-elle, cette humaine, pour que, par deux fois, tu éprouves le besoin de prendre la fuite devant elle ?… A moins que ça ne soit pas sa magie que tu aies fui, mais autre chose ?

"Je ne fuis devant personne. La première fois, j'ai juste remis la leçon de magie à plus tard, et la seconde, j'ai perdu tout intérêt. Je n'ai rien à dire de plus, car il ne s'est rien passé de plus."

Déria se releva légèrement et arqua un sourcil. Selephim semblait être contrarié, enfin, encore plus que dans son état normal. Elle ne savait pas ce que l’humaine avait bien pu faire ou dire… ou ne pas faire, peut-être. Mais il était clair que leur entrevue ne s’était pas déroulée selon les plans de son « frère ».

Une humaine aurait-elle osé lui tenir tête ? Mais dans ce cas, par quel miracle avait-elle survécu. Et puis, c'était vrai qu'il ne fuyait devant personne. Dans ce cas, se pourrait-il que se soit ses propres émotions qu'il ait voulu fuir en la fuyant elle ? Selephim, cet animal à sang froid, serait-il capable d'éprouver des sentiments ? Selephim aurait des sentiments pour une humaine ?!

Deria dut combattre la stupeur qui l'envahissait. Alors ça, elle n'aurait jamais pu l'imaginer.

S'efforçant de retrouver une contenance, elle observa Selephim, cherchant, bien en vain, dans son expression une confirmation de ce qu'elle pensait avoir comprit. Tout ce qu’elle y vit fut l’expression fugace de son irritation croissante. Il était évident que si elle continuait sur le sujet, le jeu risquait de tourner court. Toutefois, elle ne put résister à l’envie de le pousser un peu plus à bout.

-« Il ne s’est rien passé de plus ? » reprit-elle avec un sourire faussement surpris « Quel manque de curiosité, Selephim... Je suis sûre que l'expérience aurait été intéressante... et peut-être même aurait-elle pu être agréable. » le taquina-t-elle avec un petit sourire vaguement pervers.

Puis, ne voulant pas perdre son compagnon de jeu involontaire, elle glissa son menton sur son épaule et murmura.

-« Mais tu as raison. Cela ne me regarde pas. Je n'insiste pas. Et puis si tu ne veux pas me donner ta version de l’histoire… je pourrais toujours aller lui rendre une petite visite et discuter avec elle. Je suis sûre qu’on pourrait s’entendre toute les deux. »

"Fais-donc ce que tu veux. Si tu souhaites donc prendre du plaisir avec elle, vas-y, rien ne te retiens." dis-il avec détachement.

Déria sourit et se pressa un peu plus contre lui. Quel imbécile ! Une humaine était prête à s’offrir à lui et il l’avait refusée. Déria aimait que ses partenaires soient pleinement consentants. Quand ils avaient des sentiments pour elle, elle trouvait les choses encore plus agréables. Mais bon. Après tout, ça ne regardait que Selephim.

Elle était sûre qu’il avait lancé cette invitation comme une dernière bravade. Pour lui prouver qu’il ne ressentait rien pour la jeune femme. Sous ses dehors espiègles et irréfléchis, Deria n’était pas aussi bête qu’elle semblait.

Il changeât rapidement de sujet :

"Et puis, en parlant d'expériences... Je me suis découvert récemment une certaine curiosité pour la magie, et je me demandais, toi, en tant que Démon de la Mort, quelles sont donc les magies dont tu disposes ?"

Encore une fois le sourire de Déria s’élargit. Elle comprenait ce qu’il essayait de faire. Il voulait jauger les forces qui seraient mises en œuvre en cas d’un nouvel affrontement avec les armées de Dieu.

Ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi. Pour savoir si ça valait la peine de s’engager auprès des légions de Lucifer ? Elle ne put retenir un rictus dédaigneux en pensant à la maîtresse des enfers.

Lucifer, dite Lulu, avait peut-être été plus puissante que Dieu après la défaite de Médiéval, mais depuis, Déria trouvait qu’elle s’était sérieusement ramollie. Elle n’avait jamais eu beaucoup d’estime pour elle, mais depuis quelques temps, c’était encore pire.

Après tout, elle ne lui devait allégeance que par un coup du hasard qui avait fait qu’elle était tombée avec son frère et beaucoup d’autres lors de la chute aux enfers.

Ce n’était même pas d’elle qu’elle prenait ses ordres. Lulu n’avait aucun mot à dire sur les vies qu’elle fauchait, ni sur les âmes qu’elle décidait de recruter pour son propre compte.

Déria, dans un esprit volontairement provocateur se laissa encore plus aller contre Selephim avant de répondre :

« Tsss. Quel plaisir pourrais-je prendre avec ton humaine ? Vois-tu Selephim, je vais te faire une confidence. Je préfère que mes partenaires de jeux soient consentants… »

Elle s’interrompit un instant, avant de reprendre :

« Quant à mes pouvoirs, je te trouve bien indiscret, et puis tu veux tous savoir sans rien payer. Tu voudrais que je te parle de mes pouvoirs alors que toi, tu ne parles jamais des tiens, et que tu me refuses même le simple plaisir de satisfaire ma curiosité concernant ton étrange rencontre avec cette humaine. Me crois-tu donc si naïve, mon ami ? »

Déria siffla en reculant sous la morsure du froid qui venait d’envelopper Selephim.

Roohh… elle l’avait contrarié. Elle sourit en frottant ses mains pour les réchauffer. Après tout, c’était exactement ce qu’elle avait cherché.

Lorsqu’il reprit la parole se fut avec un ton de provocation qui contrastait avec son air impassible.

"Parler de mes pouvoirs. Je suis le Démon du Froid, et tu me demandes quels sont mes pouvoirs ? Est-ce vraiment nécessaire de m'étendre dessus, ou bien dois-je te congeler la moitié du corps pour espérer obtenir une réponse de ta part sans avoir besoin de tourner autour du pot ou de me râbacher les oreilles à propos d'une humaine sans le moindre intérêt ?"

Déria tiqua. Pourquoi s’intéressait-il à ses pouvoirs au point de la menacer pour obtenir une réponse ? Il y avait des millénaires qu’ils se côtoyaient, jamais il ne s’était intéressé à ses affaires.

« Je t’ai vexé, j’en suis désolée » dit-elle, d’un ton qui indiquait clairement qu’elle était plus amusée de lui avoir fait perdre son calme que désolée.

« Je suis un démon, Selephim. Je dispose donc de la même magie que tous les démons, et en tant que démon de la mort, j’utilise principalement celle qui a trait à la souffrance, à la mort et à la maladie, ainsi que la télépathie. » Dit-elle d’un ton ennuyé.

Elle le regarda un instant avant de se décider.

-« Mais, je vais te faire une confidence, mon ami. J’ai aussi un petit quelque chose que j’ai gardé d’avant ma chute. Je pense pouvoir affirmer que tu seras le seul à savoir ça, mais je sais pouvoir compter sur ta discrétion… »

Elle tendit la main devant elle et mobilisa un peu de son pouvoir pour y faire apparaître une belle flamme brillante et claire.

Elle releva des yeux moqueurs vers Selephim.

-« Qui l’eut cru… le démon de la mort utilisant la magie du feu… » Dit-elle avec un petit sourire en coin.

-« Et maintenant, mon frère, me diras-tu pourquoi mes pouvoirs t’intéressent autant soudain ? Il y a des millénaires que nous cohabitons, tu n’as jamais éprouvé le besoin d’en savoir autant sur moi, et voilà que soudain tu t’intéresse à mes pouvoirs et que tu en viens à me menacer pour me contraindre à te répondre. » Continua-t-elle avec un regard soudain suspicieux.

Deria avait regardé Selephim changer sa flamme en glace, puis s’en emparer avant de se déplacer rapidement dans son dos. Elle avait tourné la tête juste assez pour le voir jouer avec la bille de glace.

-« "La magie du Feu... Rien de surprenant... Je suis déçu... En fin de compte, tu n'es rien sans ton armée d'âmes... C'est dommage..." dit-il avant de serrer la bille dans sa main pour la réduire en miettes.

Oh, il était vraiment vexé cette fois. Elle l’avait rarement vu avoir des réactions aussi vives. Elle ne réagit pas à sa provocation. Si elle l’avait voulu, elle aurait pu ranimer la flamme à partir des paillettes de glaces répandues sur le sol, mais même si elle avait accepté de dévoiler un peu de son pouvoir, elle n’était pas disposée à abattre toutes ses cartes non plus.

"Et j'étais simplement curieux... Tout comme tu peux l'être à outrance. Quant à mes menaces, j'ai juste horreur que les conversations ne mènent nulle part, et j'ai beau être immortel, je n'ai pas envie de rester des années à suivre une conversation entrecoupée de tes déblatérations sans intérêt. D'autant plus que la guerre approche à nouveau... Même ça, tu devrais le sentir."

C’était curieux quand même qu’un être aussi flegmatique que lui puisse se montrer parfois aussi impatient. Quel intérêt d’être immortel, si on ne pouvait pas perdre du temps sur des choses sans intérêts ? Seuls les mortels au temps compté devrait se soucier du temps qu’ils perdait en futilité. Elle, elle avait tout son temps pour les futilités…

La dernière partie de sa phrase l’intéressa plus. Évidement elle avait senti dernièrement une certaine tension, comme une impatience guerrière dans les rangs, mais il n’y avait rien de concret pour l’instant. Et puis, si guerre il devait y avoir, elle avait bien l’intention de rester loin du front. Rester en arrière et compter les points lui convenait parfaitement.

Il se retourna et vint se placer à quelques centimètres de son visage, lui tenant le menton entre le pouce et l’index, en ajoutant :

"Et tes petits jeux puérils ne m'intéressent pas. Tu cherches à me contrarier ? Grand bien t'en fasse. Mais si tu restes aussi insouciante, la prochaine bataille risque d'être la dernière pour toi."

Oui, elle était insouciante. Mais à priori, certains ici s’inquiétaient pour deux. Ça ne l’empêchait pas d’être préparé, et puis l’insouciance avait un autre avantage… On lui foutait la paix et on ne se méfiait pas d’elle, ça lui convenait parfaitement.

Sur cette dernière pique, il la contourna a nouveau à grande vitesse pour se retrouver du côté du couloir d’où il venait et commença à s’éloigner lentement, comme s’il avait voulu qu’elle l’interpelle.

Deria hésita. Elle devait reconnaître qu’il avait éveillé sa curiosité. Selephim savait-il quelque chose qu’elle ignorait sur la guerre à venir, ou bien avait-il tenté de prêcher le faux pour savoir le vrai ?

Après réflexion, elle décida de lui offrir une dernière confidence voilée.

-« Tu sais, Selephim. L’insouciance à un avantage. Personne ne se méfie de quelqu’un d’insouciant, et c’est fou ce qu’on peut apprendre en laissant traîner une oreille insouciante. »

"Personne ne se méfie de quelqu'un d'insouciant ? C'est peut-être vrai dans certains cas, mais tu représentes la Mort, sans même parler de ton statut parmi les Lieutenants de Lucifer... La méfiance n'est que trop juste lorsque l'on parle de nous. Et tous les êtres mortels te craignent... Sans même parler des Célestes qui redoutent tes armées."

Il se tut un instant, semblant réfléchir.

"Dis-moi... Depuis Médiéval, je ne t'ai pas vraiment vu faire quoi que ce soit de tes journées... Que dirais-tu, pour passer le temps, justement, de réaliser une petite confrontation entre ton armée d'âmes et mes prisonniers ?" Reprit Selephim.

Déria sourit. Était-il en train de lui proposer un entraînement ? Oui, évidemment, elle savait qu'il n'avait guère de considération pour elle, mais son armée d'âmes fidèles était un atout. Il devait espérer pouvoir en profiter si les choses tournaient vraiment mal.

Elle réfléchit. C'est vrai qu'elle s'était un peu laissée aller ces derniers temps... Et ses âmes aussi. Toutefois, elle voulait mettre les choses au point. Elle voulait bien jouer à la guerre avec lui, mais elle entendait bien qu'il n'oublie pas qui elle était. Hors de question qu'il la traite comme il avait traité la petite humaine !


Elle répondit d'une voie séductrice.

-« Dis-moi, Selephim... M'as-tu jamais considérée comme autre chose qu'une ravissante idiote ? T'es-tu jamais méfié de moi ? Non, évidement. Sinon je n'aurais pas pu apprendre tout ce que j'ai appris sur toi. Je sais que le sujet t'agace, donc, je ne m'y attarderai pas. Sache juste que j'ai déjà les réponses aux questions que je t'ai posées. Je voulais juste voir jusqu'où je pouvais en jouer pour te faire perdre ton sang-froid. »

Elle se tut un instant le temps de lui laisser le temps de réfléchir à la question et d'observer sa réaction avant de lui lancer un sourire espiègle.

-« C'est ce que je pensais. Tu n'as jamais vu en moi rien d'autre qu'une inutile insouciante. Et c'est ainsi pour vous tous. Baal semble surprit de voir chaque fois que je lui apporte ma faux, comme s'il oubliait d'une fois à l'autre qui je suis. Méridan ne me voit que comme je le voie, un compagnon de jeu pour les longues nuits ennuyeuses. Mon cher frère, et bien... C'est mon frère. Quant à notre chère Lulu, je me demande parfois si elle sait que j'existe. Ceci dit, cela me convient très bien, la plupart du temps. »

Son regard se fit plus dur. Et lorsqu'elle reprit la parole, sa voix avait perdu son ton enjôleur pour devenir plus cassante.

-« J'aimerais toutefois que tu n'oublies pas que la ravissante idiote est à la tête d'une armée d'âmes soigneusement choisies. Je connais mes lacunes, mais certaines de mes âmes sont parfaitement capables d'élaborer un plan de bataille et de diriger un bataillon. La moisson de chefs de guerre et de généraux compétents a été excellente à Médiéval. Toutefois, tu as raison. Je ne me suis pas amusée depuis un certain temps et une confrontation entre mes armées et tes prisonniers serait intéressante. »

Pour appuyer ce qu'elle avait l'intention de dire ensuite, Déria modifia son joli minois, déploya ses grandes ailes sombres et fit apparaître sa faux dans sa main.

-« Mais, Selephim, n'oublie pas que moi aussi, je suis un des cinq lieutenants de l'enfer. Ne t'avise pas de me traiter avec le même dédain que ta petite humaine. »