Emplettes et rencontres [PV Garance][Terminé]

Invité

Il se retourna, semblant visiblement agacé d'avoir été ainsi apostrophé. Les mots qu'il prononça ensuite ne firent que confirmer la chose.

"Un tel présent ? Il s'agit tout simplement du matériel de cours que vous utiliserez au prochain cours, justement. Rien de plus. En tous les cas, pas pour moi." Dit-il.

Puis, soulevant le sac dans lequel il avait rangé les autres objets, il ajouta.

"Et les objets contenus dans ce sac sont pareils : dès qu'ils auront été attribués, les élèves les garderont. Pour moi, cette bague et ces objets n'ont rien de différent."

Ramenant le bras chargé du sac le long de son corps, il poursuivit :

"Et si jamais vous vous inquiétez de l'argent que j'ai dépensé, ne le soyez pas : il s'agit des fonds de l'Académie. Et l'Académie a des fonds illimités. Soyez rassurée, vous pouvez dormir l'esprit tranquille sans vous soucier d'une quelconque signification cachée derrière ce présent, comme vous l'appelez."

Garance fut mortifié par le ton qu'il avait employé et sa réaction fut plus instinctive que vraiment réfléchie :

-« Je vois. » dit-elle simplement en faisant glisser l'anneau de son doigt.

Elle le contempla un instant en le tenant entre des doigts avant de le poser sur le bord de l'étal et de ramener ses yeux sur le professeur Sévillon.

-« Je pense qu'il vaut mieux que vous le rangiez avec les autres. Je le récupérerai lors du cours... Ou pas, si vous avez oublié d'ici là que vous m'aviez permis de le choisir. Je ne voudrais pas que mes camarades de classe considèrent le fait que vous m'autorisiez à apporter moi-même un objet comme une marque de favoritisme. »

Elle reprit son souffle, jeta un dernier coup d'œil à la bague, regrettant vaguement de s'en être servi de ce prétexte pour continuer cette conversation. Conversation, qui au demeurant, s'était révélée plutôt vaine. Ne lui permettant pas vraiment de confirmer ou infirmer ses doutes concernant l'identité du professeur.

Elle reposa les yeux sur le visage de son enseignant, souriant aimablement, avant de dire :

-« Je ne vous ai que trop retenu, je vous souhaite une bonne fin de journée professeur Sele... » elle hoqueta de surprise devant son lapsus, avant de se reprendre rapidement et de continuer « ... Sevillon »

Elle tourna les talons et s'enfonça dans la foule, sans attendre de voir si le nom qu'elle avait failli prononcer avait provoqué une quelconque réaction.

Alors qu'elle regagnait l'académie, elle réalisa à quel point le comportement de Sevillon lui rappelait celui de Selephim. La majeure partie de la conversation avait été plutôt agréable, et puis il était redevenu glaçant, la faisant se sentir parfaitement idiote, en quelques mots bien choisis.

Elle avait ressenti ça avec Selephim, maître de la douche écossaise et de la déstabilisation.

-« Oui... » dit Cyrine, d'un ton sarcastique. « Ça rappelle vaguement quelqu'un."

Garance ne répondit pas, secouant légèrement la tête.

-"Tu sais Garance. Tu devrais peut-être l'oublier." reprit Cyrine, d'un ton étrangement sérieux. "Même s'il revient, même s'il est peut-être déjà là. Il va te briser le cœur."

Garance hocha les épaules, quelle importance, c'était déjà fait, et même ça, ne lui avait pas permis de l'oublier.

-"Garance... Il va te détruire. Il va détruire celle que tu es vraiment. Si tu n'y prends garde, un jour, c'est ton cœur qui sera aussi froid et dur que la statue de glace que tu gardes si précieusement."

La jeune femme soupira. Elle savait que Cyrine avait probablement raison, mais elle ne voulait pas perdre espoir, elle ne voulait pas oublier le léger frisson de tendresse qu'elle avait ressentit chez lui.

À présent, elle n'était plus sûre de rien. Elle ne savait plus ce qu'elle souhaitait.

Elle aurait voulu savoir que Sevillon était bien celui qu'il prétendait être, mais, en même temps, elle pensait qu'elle ne serait pas surprise outre mesure si elle découvrait qu'il s'agissait en fait Selephim Seth, aussi connu sous le nom de Classius, démon du froid.

Encore et toujours cet illogisme... Alors que je regardai la jeune femme partir et disparaître dans la foule, je poussai un énorme soupir. Pourquoi, bon sang ? Pourquoi fallait-il que les choses soient systématiquement compliquées lorsque je traitais avec cette humaine ? Pourquoi donc avait-elle reposé la bague sur l'étal si elle y attachait de l'importance ? Pourquoi ne l'avait-elle tout simplement pas gardée ? Pour qu'il n'y ait pas du favoritisme, comme elle le disait ? Foutaises.

Me prenant le front dans ma main droite, je soupirai à nouveau. Pourquoi, à chaque fois que j'essayais de m'humaniser, notamment à son contact, pourquoi à chaque fois j'obtenais le résultat totalement à l'opposé ? J'avais essayé d'être aimable, j'avais essayé de ne pas la froisser, je lui avais même permis de garder cette bague à laquelle elle semblait attacher de l'importance, allant même jusqu'à me justifier pour qu'elle puisse la garder sans états d'âme.

Mais non. Encore une fois, les choses ne se passaient pas comme elles auraient dû se passer. Je devais arrêter de m'humaniser juste pour garder des relations pacifiques avec les humains. J'étais un démon, et ici, je ne faisais rien pour cacher ce fait. Alors je serais un démon jusqu'au bout.

Prenant la bague posée sur l'étal, je la gelai avec mon pouvoir, la fragilisant, avant de la serrer dans mon poing et de la réduire en poussière, qui se mêla à la saleté du sol du quartier commerçant.

Elle ne verrait plus jamais cet anneau. Elle ne voulait pas de favoritisme ? Ainsi soit-il.