Une rencontre prometteuse [Pv Syriass Drimhduno][Inachevé]

La brise marine caressait les joues de Cécil. Ici, en bord de mer, les heures semblaient s’écouler plus lentement, comme un espace hors du temps. C’était un des rares endroits où il se sentait chez lui. La grande étendue d’eau ressemblait à cette mère qu’il n’avait pas eue.

Il resserra son manteau autour de ses épaules. Ici comme ailleurs, le froid le suivait. Aucune buée ne se formait lorsqu'il soufflait, et le temps devait être agréable. Enfin, tout cela n’était que supposition, pour le voleur, peu importe la saison, cette sensation le suivait inlassablement. On pourrait croire qu’il s’y était habitué, à un moment, on s’habitue à tout, dira-t-on. Mais le froid qu’il subissait, on ne s’y habituait pas, on en souffrait, chaque jour un peu plus.

La nuit tombait, et le soleil couchant donnait au ciel et à l’eau des reflets presque surnaturels, le jaune et l’orangé faisait de toute la scène un tableau magnifique. Le cœur de Cécil ce sera à cette vue. Il contempla l’horizon, jusqu'à ce que son regard ne portât plus vers le ciel ni la mer, mais vers cet au-delà, ce paradis, s’il existait, dans lequel il n’aurait jamais sa place.

Il soupira et se détourna de cette vue qui le rendait nostalgique. Oh, il ne regrettait pas sa vie, cependant, il lui arrivait le soir de songer à ses anciens camarades, ceux qui sont partis vers une vie qu’il espérait meilleure. Alors, inexorablement, il imaginait ce que sa vie serait s’il avait vécu dans une de ces riches familles, s’il avait été un de ces nobles qui ne semblent même pas se soucier des difficultés de la vie.

Le port cessait petit à petit ses activitées, les bateaux accostaient, les pêcheurs enroulaient leurs filets, et chacun rentrait chez lui, avec sa famille. Cecil regardait tout cela avec distance. Il y réfléchit et conclut que non, il ne les enviait pas. Pour lui, toutes attaches lui enlevaient sa liberté, le seul vrai bien, la seule chose qu’il chérissait plus que tout.

Il se décida alors à se remettre en route. Il épousseta son manteau, et tandis qu’un pêcheur se baissait pour embrasser sa fille, Cécil lui soutira sa bourse. Il sut que celui-ci s’en rendit compte lorsqu'il l’entendit hurler au loin. Il sourit alors, fier de son petit larcin et s’en alla sur les quais gaiement.

Invité

Le soir commençait à annoncer sa fin, le Soleil frôlant l’horizon tracé par l’océan que tous croient sans fin. Ont-ils raison ? Si ça se trouve, un autre continent que celui de Dilysia nous attendait, au loin, derrière ces vagues qui se suivaient les unes après les autres. Seul dans ma solitude, plongé dans mes pensées, j’observais cette immensité liquide se déverser contre les quais du port de Gilurard, assis sur une caisse qui de toutes manières ne risquera pas de bouger avant un bon moment. J’avais remarqué l’équipage chargé de monter à bord de leur navire toute cette cargaison partir en direction de la taverne la plus proche. Prendre leur pause ? C’était sûrement leur motif à la base, cependant, après une ou deux choppes de bières en trop, ils avaient plus de chances de finir sur les pavés de la rue que sur le plancher de leur bateau. Il y avait certainement de quoi en rire, cependant toute mon attention se portait sur l’astre dans le ciel qui nous illuminait, ainsi que sur l’un des plus grands mystères qui charme tous les explorateurs de ce monde. Qu’y a-t-il de l’autre côté de l’océan ? Une seconde terre ? Peut-être des villes comme chez nous ? Et s’il y avait tout un royaume là-bas ? Voilà de quoi attiser ma curiosité et nourrir mon imagination. Pendant que je m’amusais tranquillement dans mon coin, mes yeux ne cessèrent de fixer le Soleil qui disparaissait petit à petit derrière le monde. J’avais encore envie de réfléchir à deux ou trois trucs, mais la faim me ramena à la raison tandis que mes jambes, légèrement engourdies, demandèrent un petit instant pour récupérer et être prête à partir. M’étirant longuement, je dépoussiérais mon manteau avant de prendre le chemin menant à mon foyer acheté.

Je devais être de plutôt bonne humeur ces derniers temps, supposément grâce à ces récentes et étranges personnes que j’ai rencontré précédemment. Je me souviens encore de leur nom, de leur image, de leurs paroles, mais cela n’empêchait pas de me laisser avouer que je ne les connaissais pas. Qui étaient-ils ? Des magiciens en voyage ? Cela signifierait que mon périple n’était pas une idée originale, ou au moins assez rare pour me retrouver seul au milieu d’un environnement hostile à la magie ? Si on oubliait les bibliothèques, je devais dire que le monde était bien ennuyeux. Ou peut-être qu’il n’y avait pas seulement les livres. D’ailleurs, ce n’est pas vraiment faux puisque dernièrement j’ai tout de même fait cette escapade afin de dénicher ces étranges bestioles. Cela s’avéra infructueux, par contre j’ai malgré cela eu l’occasion de m’amuser un peu, uh uh. Bah, même si cette expédition à travers le continent pouvait sembler épuisant aussi bien physiquement que moralement, au moins ça me donnait l’occasion de croiser la route de personnages plutôt intéressants, et ça c’est plutôt une bonne chose je trouve. Bon bref, il commence à se faire tard et j’ai faim. Je compte rester encore quelques nuits dans cette ville avant de passer à la prochaine, peut-être trouverai-je une bibliothèque plus distrayante que celles de Gilurard ou de Myth. Baillant vite fait, je fis quelques pas, regardant la petite populace qui eux aussi se préparaient à rentrer chez eux, avant que mon regard ne tombe par accident sur un voleur en pleine action. Son geste était certes habile, cependant il eut la malchance de s’être fait prendre en flagrant délit par le hasard. Une simple coïncidence que je ne manquerai pas de saisir afin de corriger cette action injuste.

Je laissais le malotru s’éloigner un petit peu, lui laissant quelques pas d’avance, avant de soudainement le prendre au dépourvu, tissant un vent avec ma magie pour le faire trébucher en avant, la bourse lui échappant de peu avant que je ne la récupère prestement d’un autre coup de passe-passe, soulevant la sacoche pleine de pièces et l’attirant vivement jusqu’à la déposer dans ma main. Ça n’avait rien d’héroïque, mais tout de même de quoi rendre un père et sa fille heureux, leur rendant leur bien avant de les laisser partir sur un sourire chaleureux. Mince alors, depuis quand suis-je aussi gentil, moi ? En général, je suis plutôt du genre « menfoutiste » et ne m’intéresse qu’à ce qui me semble intéressant, alors pourquoi cet acte de bonne volonté de ma part ? Bah, on peut ce qu’on veut, mais rendre service à quelqu’un de temps en temps, ça m’apporte un bien-être que je ne peux tout simplement pas négliger. Laisser la petite famille de pauvres pêcheurs s’en aller, je me tournai vers le fameux dérobeur de bourses, curieux de savoir comment il allait réagir. M’agresser ? M’ignorer ? Honnêtement, et exactement comme la dernière fois que ça m’était arrivé, j’espérais pouvoir déployer mon art des arcanes afin de lui en coller une bonne, ça aussi ça me ferait le plus grand bien.

Le sourire aux lèvres, Cécil marchait de la même démarche travaillée qu’il avait composée au fil des ans. Rien ne pouvait présager ce qui allait arriver. Ici, sur ce port, il trébucha sans aucune raison. Le monde se retrouva sens dessus dessous tandis que la bourse qu’il avait « durement » gagnée s’envola.

Les rires gras des marins fusèrent. Cécil, les quatre fers en l’air sur ce pont dont l’odeur de poisson n’était pas des plus ragoutantes, avait l'air franchement ridicule.

Son premier réflexe fut de suivre la bourse du regard, et elle atterrit dans la main d’une personne qui s’empressa de la rendre à son propriétaire de base. De toutes évidences, Cécil n’avait pas été discret. Il s’était fait avoir comme un bleu et le regrettait amèrement maintenant.

Il ne savait pas si le destin s’acharnait sur lui, mais depuis sa malédiction, soit il perdait en compétence, soit il tombait sur plus fort que lui. Il n’avait pas envisagé le fait qu’il y est autant de personne aussi puissante dans le vaste monde.

Le marin volé récupéra sa bourse avec stupéfaction, ce qui réconforta un peu le voleur, remercia son sauveur, et alors que Cécil s’attendait maintenant à un lynchage collectif, rentra chez lui sans plus de procès.

Cécil choisit donc d’étudier donc un peu plus ce fameux justicier. D’une tete de moins que lui, très jeune et bien habillé, il paraissait nonchalant, comme s’il ne tirait aucune gloire de ce qu’il venait de faire. Cependant, Cécil se méfia de lui. Il pensait pouvoir le vaincre dans un combat au corps-à-corps sans aucun problème, mais, le roublard avait pensé ça d’un elfe aussi, et s’était rendu compte que la magie renversait totalement la balance.

Le froid en lui se fit plus épais, et il vit des marins frissonner. Il s’en voulut immédiatement. Il ne contrôlait toujours pas cette aura de froid autour de lui et elle pouvait passer pour agressive. Il respira longuement afin de l’atténuer.

Après quelques secondes, le froid se fit moins mordant, et il présuma qu’il en était de même à l’extérieur. En face, l’étudiant n’avait pas bougé. Après cette scène, Cécil jugea plus opportun de quitter les lieux immédiatement, mais ce jeune homme l’intrigant. Pourquoi jouer les justiciers si ce n’est pour n’en rien retirer ?

Cécil se retourna, s’assit sur une caisse qui se trouvait là et se remit à contempler le port. Il voulait engager la conversation, mais il n’était pas sociable de base, et après s’être fait prendre en pleine action malhonnête, il ne savait pas si son interlocuteur allait être réceptif.

Invité

Personnellement, je n’avais plus rien à faire ici. En fait, je n’avais même pas prévu de passer par-là, de jouer au héros en venant en aide à ce pauvre homme volé, d’attaquer le voleur et de rendre cette bourse. Je n’avais rien à faire ici, pourtant, sans que je ne le veuille, j’y ai laissé une empreinte. Est-ce que cette marque est profonde, profondément ancrée dans les esprits de ces témoins ? Peut-être s’en souviendront-ils toute leur vie de ce moment, enfin s’ils vivent longtemps. Qu’est-ce que je raconte comme atrocités, moi ? Je ne devrais pas commencer à penser aussi facilement des autres, sinon à quoi vais-je bien pouvoir ressembler plus tard sinon à un monstre ? Il va vraiment falloir que je commence à m’occuper de ce mauvais côté de ma personnalité, uh uh.

Je jetais un bref coup d’œil au voleur, toujours curieux de savoir ce qu’il allait faire. Se venger ? S’enfuir ? Il avait juste l’air de prendre du bon temps en m’ignorant. Venait-il juste d’oublier ce qui s’était passé ? Non, je crois qu’il a tout simplement abandonné pour une raison que j’ignore. En général, les gens que j’agresse me rendent la pareille, mais là, pour le coup… Bah, s’il ne voulait pas s’’immiscer plus que ça, je n’allais pas le déranger plus que ça. Haussant vite fait les épaules, je tournais le dos avant de m’éloigner. Si je résume ce qui vient juste de se passer, je viens d’aider une famille et sans doute un ennemi en même temps. Sacrée soirée l’air de rien, je me demande à quoi ressemblera la suite de mon aventure. Peut-être rencontrerai-je une autre personne intéressante ?

Le lendemain, le marché de la ville battait son plein. En temps normal, je ne m’y serais pas plus intéressé que cela. Non, c’est un mensonge absurde, bien sûr que j’avais besoin de passer par-là. Qui sait quels genres d’artefacts je pourrai trouver en ces lieux ? Cependant, en premier lieu, je devais m’occuper d’un problème un peu plus personnel. J’avais faim, et une pomme au matin était le meilleur remède pour se réveiller. De l’œil, je cherchais un stand qui vendait des fruits. Il y avait plus de poissons qu’autre chose, il fallait s’y attendre d’une ville portuaire en y repensant, mais je finis cependant par en trouver un, ne manquant alors pas de m’en approcher pour m’en payer une bonne et bien délicieuse.

Le voleur contemplait l'horizon, souhaitant aborder cette personne, ne sachant comment s'y prendre.
Lorsqu'il crut que la personne vint vers lui, elle tourna simplement le dos pour repartir. Le voleur ressentit un peu de solitude. Il savait d’où cela venait. Avant, il avait sa troupe, il était le chef, les autres lui obéissaient, mais plus que tout cela, ils étaient liés par les liens de la camaraderie.

Cécil soupira. Il décida de rentrer à son auberge pour la nuit, déçu à l'idée qu'il n'aurait rien gagné aujourd'hui.

Le lendemain, le marché battait son plein. Les marchant criaient, vendaient telle ou telle babiole, les poissonniers se battaient à grands coups de "vient m'le dire ici qu'il est pas frais" . Le bruit de la foule était immense. Cécil aimait les marchés. Cette promiscuité dans la foule permettait toutes sortes de larcin. Il prit la bourse d'un homme en armes, un soldat probablement et s'en allait gaiement dans la foule.

Son sourire s'estompa lorsqu'il reconnut monsieur le héros. Celui-ci était visible, avec sa petite taille et ses vêtements atypiques, au milieu de la foule de marins, grand et fort, riant bruyamment. Il se dégageait de lui une sorte de noblesse que n'avaient pas les autres.

Cécil choisit de le suivre. Sans en avoir l'air. Il ne savait pas s'il était senti, le héros possédant à l'évidence des connaissances dans les arcanes magiques, mais celui-ci semblait perdu dans ses pensées, comme à l'écart du monde qui l'entourait.

Cependant, apparemment, le monde se rappelait à lui quand il se rapprocha d'un étalage de marchand de fruits et légume. Cécil choisit cette occasion pour se montrer. Il passa, mine de rien, et d'un geste rapide, après s’être assuré que le vendeur regardait ailleurs, occupé à servir une cliente, et que personne ne pouvait le voir, pas deux fois tout de même, il attrapa deux pommes, qu'il cacha son manteau, les vêtements amples sont faits pour les voleurs après tout, et se rapprocha de sa cible.

« Bonjour monsieur le héros, une pomme ? »

Tout en disant ces mots, il fit tournoyer une des pommes sur son doigt et l'envoya sur la personne qui semblait être de son âge après tout qui l'attrapa sans laisser d'émotions passer sur son visage, ce qui déçut Cécil un peu, croyant son entrée ratée

Invité

Un héros ? Curieux, je tournai la tête vers la personne qui appela au hasard. Du moins, ce que je pensais, avant de voir une pomme soudainement arriver devant mes yeux. Surpris, et non doué de bons réflexes, je tentais de la rattraper dans une manœuvre maladroite, le fruit rebondissant sur mes mains jusqu’à finalement tomber entre mes doigts. Je ne m’y attendais pas à celle-là, qu’on me jette une telle chose, cependant je fus davantage confus en remarquant qu’il s’agissait du voleur de la dernière fois. Cet homme avait volé sans remord une bourse à une petite famille de pêcheurs, et malheureusement pour moi j’étais présent sur les lieux et témoins du larcin. Est-il venu pour se venger ? Je pense que ça va être plus dur pour lui, vu où je cache mes propres pièces.

Plus important, que me voulait-il ? Pourquoi était-il venu ici ? Était-ce un coup du destin que nos routes se croisent deux fois en une si courte période de temps ? Peut-être est-il un agent envoyé par Oldross pour me surveiller. Non, je ne crois pas, l’habit et les manières sont différents de ceux auxquels je suis habitué. Je le sais bien, que cela ne veut pas dire grand-chose, mais je serais tout de même étonné si c’était bel et bien le cas. Restons pour l’instant sur le fait qu’il s’agit d’un voleur, donc que je dois rester sur mes gardes et le garder à l’œil. Par contre, un détail m’échappait toujours. Pourquoi une pomme ? Il voulait m’empoisonner ou quoi ? Sceptique, je fixais de mon regard le fruit que je tenais dans ma main, avant de relever la tête, loin d’être amusé par cette situation où l’on tentait de m’assassiner de cette manière en public. Je n’étais pas fâché, juste fatigué rien qu’à l’idée que je devais également faire attention à ces petites choses quotidienne.

-Elle est empoisonnée, ou volée ?

Dans le fil de mes paroles, je me souvins qu’il était un voleur. Du coup, peut-être n’y avait-il pas administré un poison, mais l’avait-il tout simplement dérobé à un des étalages. Honnêtement, j’ai du mal à comprendre pourquoi les gens comme lui ne paient pas. Les prix ne sont pourtant pas exorbitants. Je sais bien que je suis assez riche, mais tous ces produits ici ne sont pas de hautes qualités, et même s’ils l’étaient, ne demandaient que quelques pièces généreuses. Décidément, les pauvres et leur manie de tout garder pour eux.

Après avoir lancé la pomme, Cécil s'était attendu à ce que le héros l'attrape sans même la regarder et aurait ensuite lancé la conversation. À l'inverse, celui-ci essaya gauchement de ne pas la faire tomber pour enfin l'attraper.

Il la regarda, l'air surpris, pour ensuite reporter son regard sur le lanceur. Méfiant, il demanda si cette pomme était destinée à le tuer ou simplement le fruit d'un larcin. Après un court instant où les regards s'échangeaient (enfin, Cécil était plus observé que l'inverse), Cécil partit dans un grand éclat de rire.

"He bien, on peut dire que vous n’êtes vraiment pas banal vous!"

Il s'approcha de son vis-à-vis et lui dit

"Rassurez-vous, je n'aie aucune intention de vous assassiner. Cependant, il est vrai que je n'aie pas obtenu cette pomme de façon tout à fait légale dirons-nous."

Le voleur regarda le mage. Il vit dans ses yeux le même dédain qu'il voyait partout. "Que faites vous dans la vie?" "Je suis voleur madame!" Et c'était reparti, on le taxait de déchet de la société et bla bla bla.

Oui, Cécil était un voleur, un être abject moralement. Mais si c'était ce qu'il fallait pour qu'il puisse être libre, alors le jeu en valait la chandelle. Sans emploi, il pouvait aller ou il voulait, et pour vivre, quoi de mieux que de prendre ce que l'on veut.

De plus, quelquefois, il laissait le marchand s’apercevoir de ce qu'il faisait, et si certain ne disait rien, la plupart criaient au voleur, et le combat commençait. Ah le combat... C'était à ce jour le seul remède qu'il avait trouvé à ce froid lui glaçant les os. Chaque fibre de son corps se laissait aller, et il pouvait enfin savourer la chaleur qui l'emplissait jusqu'au bout des ongles.

Il s'assit alors non loin du héros qu'il venait d'aborder, sortit la deuxième pomme et mordit dedans goulument.

"Alors monsieur, y a-t-il quelque chose qui vous amène par ici?"

Invité

D'abord il me raconte que je ne suis pas banal, puis rajoute l'assurance qu'il ne cherchait pas à m'assassiner. Bien, au moins je pouvais vivre la conscience tranquille, soulagé de savoir qu'il ne voulait pas mettre un terme à ma vie malgré ce qui s'était passé hier soir. Maintenant, il restait à savoir ce que lui faisait dans ce marché, si ce n'était dérober les biens des autres à leur insu. Je crois l'avoir déjà dit, mais je ne porte pas vraiment les voleurs dans mon cœur. Peut-être était-ce de famille, entre ma mère artisane qui prenait soin de ses outils et de ses œuvres, et mon père qui était marchand de métier. D'ailleurs, lui fut le premier à me poser cette question. Qu'est-ce qui m'amène par ici ? Eh bien, par défaut j'ai envie de dire que ça ne le regardait pas. Un vieux réflexe, celui-là aussi venait de ma famille, mais plus de manière indirecte cette fois. J'avais beau être un adulte, j'avais encore des fois l'impression d'être attaché aux paroles de mon père, lui qui me racontait souvent ces aventures de commerçant sans jamais oublier la petite anecdote à la fin. Quand ils me les partageaient, j'écoutais toujours d'une oreille distraite, maintenant je les entendais dans ma tête, et je comprenais un peu mieux ce qu'il voulait me dire.

Mais là, je n'avais pas vraiment l'envie d'avouer à ce voleur que je passais par-là uniquement pour satisfaire ma curiosité. Sans vraiment y réfléchir plus longtemps, je plantais mes dents dans la pomme pour en prendre une bouchée. C'était sucré et juteux, un vrai délice. J'avalais ce que j'avais pris avant d'élever la voix.

-Rien de bien particulier... Au moins je ne suis pas venu pour voler les autres.

Mes yeux volaient toujours au-dessus des différentes marchandises que l'on proposait dans le marché. Il y avait presque de tout, majoritairement de la nourriture et de la pacotille de décoration. Sérieusement, ils pouvaient au moins faire un effort sur la présentation de leurs objets. Ah, voilà que je commence à parler comme mon père maintenant.

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