Une rencontre au milieu des arbres centenaires [PV Asako Shuu]

Cela fait désormais quelques jours que j'arpente différents villages humains afin d'apprendre tout les événements survenus pendant les 5 derniers millénaires. Après être sorti d'un petit village de fermier entouré par des champs, je passe au-dessus d'une immense forêt luxuriante où les doux rayons du soleil viennent se heurter sur la canopée. En repensant aux journées entières que j'avais passées à arpenter les forêts de ce monde, je me sens comme attirée vers elle-ci par une force remontant du plus profond de mon être et bifurque d'un puissant coup d'ailes me faisant virevolter jusqu'à l'orée des arbres.

Une sorte d'excitation monte et ma forme féminine s'empare presque de moi avant même de toucher le sol, cela fait une éternité que Lyssandre n'a pas vu la lumière du soleil. Je tends les bras et, alors que les rayons du soleil viennent lécher ma peau, je sens une douce chaleur s'emparer de mon corps tandis qu'une légère bise vient caresser mes cheveux les faisant tournoyer au gré du vent. Je baisse lentement le regard sur ma robe noire en dentelles finement tissées puis sur mes avant-bras nus et remonte le bras comme pour attraper les rayons du soleil dans le creux de ma main en souriant de plaisir. C'est donc emplie d'un intense sentiment de satisfaction que je m'engage entre les arbres sans me soucier de ne pas suivre les sentiers battus ou de ma tenue inadaptée.

Je me sens comme une enfant à sauter par-dessus les immenses racines, tourner autour du tronc des arbres en riant et me balancer aux fragiles branches basses. Je continue à m'enfoncer encore plus profondément au milieu de ces géants de bois centenaires pendant plusieurs heures, me laissant voguer vers quelques réflexions.

Il y a quelque chose qui m'a toujours travaillé l'esprit, mes deux formes humaines sont très différentes mais ce ne sont que des apparences, des corps fait de chair et de sang. Pourtant quand je suis Erwin ou Lyssandre j'ai des goûts différents, des envies, des pensées, jusqu'à une façon d'être différente. C'est comme si j'étais plus que moi-même, comme si... quelque chose d'autre prenait la place dans mon esprit. Lyssandre a toujours été plus solitaire qu'Erwin et quand je suis descendue toute à l'heure, je n'ai pas réfléchi, j'ai tout de suite pris ma forme féminine, de même lorsque je volais juste avant, c'est Lyssandre qui m'a fait ressentir l'envie... non le besoin... de me poser ici.

Je finis par tomber sur un chemin très peu fréquenté ou la végétation semble vouloir reprendre sa place inexorablement repoussée par les quelques passages des rares chasseurs et trappeurs qui osent s'enfoncer aussi profondément. Descendant le long du chemin, je prends un pas apaisé et marche entre de jeunes arbres beaucoup plus espacés qu'il y a quelques centaines de mètres, permettant ainsi au soleil de venir arroser de sa chaleur les plantes poussant au sol.

Je sens une goutte tomber sur mon épaule, puis une seconde sur mon front, me faisant lever les yeux au ciel apercevant ainsi un petit nuage apportant une fine pluie au-dessus de moi. Lyssandre a toujours adoré la pluie plus que tout au monde, sentir les gouttelettes d'eau glisser sur ma peau est tellement grisant. Je tends mon visage vers le ciel pour profiter au maximum de cette bruine alors que mon souffle vient troubler l'air rafraîchi par cette soudaine averse formant un très léger nuage de buée devant un moi. Tout ceci ajouté au bruit des feuilles bruissant au gré du vent m'emporte dans mes pensées restant ainsi comme ça pendant de longues minutes sans faire attention au monde extérieur.

Depuis quelques mois, la jeune nymphe s’amusait à découvrir le monde merveilleux des humains, qui lui semblait plus intéressant que tous les livres qu’elle avait lus durant son enfance. Malgré son bonheur d’avoir quitté le manoir où elle avait vécu toute sa vie, elle revoyait encore dans sa tête les journées passées à l’extérieur, cherchant des insectes, des plantes et des animaux de toutes sortes avec sa meilleure amie, Mérédith. C’est ce qu’elle préférait faire, n’aimant pas autant le silence que les autres habitants de la demeure. Et puis, Mérédith adorait autant qu’Asako apprendre de nouvelles choses, ce qui rendait la nymphe deux fois plus heureuse.

C’était en pensant à sa jeunesse que la jeune femme avait décidé de découvrir cette forêt, cherchant quelque chose qui lui rappellerait de bons moments de sa jeunesse. Elle avait beau aimer bouger et s’amuser, il lui arrivait parfois de souhaiter le silence total, le calme absolu, le temps de réfléchir. Le monde qu’elle découvrait peu à peu la rendait heureuse, mais l’épuisait aussi, puisqu’elle marchait, courrait régulièrement entre chaque village / ville qu’elle visitait. Au moins, la nymphe pensait à dormir et manger parfois, ce qui l’aidait à survivre pendant les longues journées de marche.

Bref, elle avait quitté il y a à peine quelques jours la jolie ville de Rercis, souhaitant déjà continuer sa route et découvrir de nouvelles choses, et de nouvelles personnes. Sur sa route, elle s’était arrêtée à une jolie petite auberge, histoire de se reposer un peu, avant de continuer son chemin. Aujourd’hui, la jeune femme comptait marcher plusieurs heures d’affiler, et avait prévu de trouver un petit village ou dormir avant la tombée de la nuit . . .

Mais quelque chose d’inconnue semblait l’inciter à sortir des sentiers battus. Asako prit un instant pour observer les alentours : personne, pas même un animal qui aurait pu faire un bruit quelconque. Seulement elle et le vent dans cette forêt interminable. Elle n’avait pas de carte, et avait simplement suivit le sentier, sans savoir où elle allait, mais quitter les sentiers, c’était risqué. La forêt était grande, certes, mais sa curiosité l’était encore plus. La nymphe hésita un moment, avant de sortir du sentier et de suivre son instinct, à la recherche de la vérité. Pourtant, rien de ne semblait étrange ou ‘’ différent ‘’ dans cette forêt.

Suite à une courte marche entre les arbres, où elle tomba au moins cinq fois à cause des racines hors terres, la nymphe réalisa qu’elle n’avait plus aucun moyen de trouver le sentier, ce qui la paniqua un instant, avant de se remettre à réfléchir calmement.
N’ayant évidemment aucun repère, elle dut se fier de nouveau à son instinct, peu importe où tout cela la mènerait.

C’est donc avec joie qu’elle tomba sur une petite clairière, pouvant enfin voir un sol sans arbreS ni racines encombrantes. Une fine pluie tombait, ce qui fit plaisir la nymphe, qui se coucha dos au sol, riant de sa propre situation. Se perdre en forêt ? Fait !

Elle ne remarqua, qu’après s’être assis dans l’herbe, la femme plus loin dans la clairière. Asako la fixa un long moment, en silence, avant de sourire amicalement.

« Toi aussi, tu t’es perdue ? » Dit-elle avec amusement.

Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule à se perdre facilement ! Du moins, c’est ce qu’elle croyait.

De nombreuses choses me traversent l'esprit pendant ces quelques minutes de bien-être, je me sens si bien dans cette forêt que j'ai l'impression d'entendre des rires, en me concentrant sur ceux-ci, je ressens une présence près de moi au gré des mouvements d'air que je perçois.

Je suis finalement interrompue dans ma réflexion par une voie enjouée qui semble m'être adressée, je lui réponds sans changer ma posture les paupières closes, le visage toujours tendu vers le ciel et les bras écartés,

"Plus ou moins, disons que je ne sais pas où je suis, mais que je sais comment repartir sans problèmes"

De son point de vue, la scène doit être assez... étrange ? Mais bon, je ne viens pas au fond des forêts pour respecter la même tenue drastique que celle exigée dans la haute société. À la fin de ma phrase, je rabats mes bras contre mon corps et tourne la tête vers elle avec un grand sourire alors que l'eau continue de ruisseler sur mon visage. Je suis surprise par la couleur de sa peau assez inhabituelle, mais ce bleu ne fait aucun doute, il s'agit bien d'une nymphe. Malgré mes millénaires de vie, je n'en avais jamais rencontré une et je ressens immédiatement l'envie d'en apprendre plus sur elle et son peuple. Son air enfantin et innocent me tire un nouveau sourire et je lui adresse un petit salut de la main en m'avançant tranquillement vers elle.

Je l'observe d'un œil discret tout en m'approchant, elle est un peu plus petite que moi et porte des vêtements richement décorés, son sourire et son comportement de toute à l'heure me permet de voir en elle une vraie boule d'énergie ce qui me fait sourire sans que je m'en rende compte. Elle a également l'air d'être assez joueuse, ce qui pourrait être très intéressant, j'ai envie de jouer aujourd'hui.

Je m'adresse à elle tout en continuant d'avancer,

"Que vient donc faire une nymphe aussi profondément dans la forêt ?"
Je marque une légère pause avant de reprendre avec un petit air paniqué,

"Enfin si ce n'est pas indiscret bien sûr !"

" Plus ou moins, disons que je ne sais pas où je suis, mais que je sais comment repartir sans problèmes "

'' Tu peux partir de cet endroit, c’est un début. ''
Asako aurait à trouver un moyen de sortir de la forêt avant la tombée de la nuit, histoire retrouver la civilisation humaine. Remarquant finalement que la femme aux cheveux blancs s’approchait, elle se leva, souriant toujours aussi amicalement. Elle lui rendit poliment son signe de la main avant de l’observer un peu plus en détail, même si la jeune nymphe savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences.

" Que vient donc faire une nymphe aussi profondément dans la forêt ? "

Elle avait bien dit '' nymphe '', ce qui surprit la créature concernée, qui garda le silence un court moment. Bien sûr, Asako ne ressemblait pas tout à fait à une humaine, et était facile à repérer comme étant différente des autres, mais était-ce si évidant que ça ? Elle qui se forçait à cacher ses oreilles avec ses cheveux, et sa peau bleutée avec le plus de vêtements bleues que possible, c’était raté. Maintenant que cette personne en savait plus sur elle, Asako souhaitait en savoir plus sur la femme, juste pour être à égalité. 4

" Enfin si ce n'est pas indiscret bien sûr ! "

Elle n’avait pas remarqué le petit air paniquée de la femme à côté d’elle, et répondit finalement à sa question, avec un petit air amusée.

'' Hmm … Je crois bien que je cherchais quelqu’un, mais je n’ai pas trouvé celle que je cherchais ! … ''

Asako jeta un petit coup d’œil autour, avant de reposer son regard sur la seule personne présente dans la clairière.

'' Mais, toi, tu es là… Tu veux bien jouer avec moi ? ''

Elle la fixait avec de grands yeux pleins d’espoir, attendant impatiemment une réponse de sa part. S’il y avait bien un moyen de faire plaisir à la petite nymphe, autre que de lui apprendre quelque chose de nouveau, c’était bien de jouer avec elle.

'' Et puis, quel est ton nom ? ''

Pour sa part, elle semble ne pas savoir comment sortir d'ici, je ne vais pas lui dire tout de suite mais je compte bien l'aider à sortir de cette forêt, comment je ne sais pas encore vu que je ne veux pas lui dévoiler ma réelle forme, du moins pas pour le moment. Je ne peux pas être sure qu'elle gardera le secret si je le fais...

Je l'observe avec attention mais elle ne semble nullement remarquer mon petit coup de panique, ou alors elle ne le relève pas, ce qui fait redescendre les battements de mon cœur à un rythme normal. Lyssandre s'emballe toujours assez facilement mais ça doit faire partie de son charme je suppose.
Elle semble ennuyée de ne pas trouver quelqu'un et jette un œil autour d'elle comme pour la trouver, elle pique ma curiosité à vif et j'allais me servir de l'air pour chercher une présence dans cette forêt mais sa question m'arrête net.

En entendant sa requête un énorme sourire espiègle se dessine sur mon visage sans que je m'en rende compte, ses yeux démontrent autant son envie de jouer que les miens. Je ne lui laisse à peine le temps de terminer sa dernière question que je fais bruisser le vent dans les feuilles derrière occasionnant le craquement de quelques branches pour attirer son attention.

À la seconde où elle tourne la tête je me dématérialise pour reprendre ma forme humaine dans l'arbre juste au dessus d'elle le temps qu'elle se retourne je lui lance un joyeux :
"Tu veux connaître mon nom jeune nymphe? Trouve-moi d'abord et je te répondrais !"
Je me sers de mon contrôle sur le son pour lui donner l'illusion que ma voix provient de toutes les directions pour ne pas lui donner d'indices sur l'endroit où je suis cachée. Je pose mes mains sur la branche et colle mes jambes contre le tronc en la regardant me chercher avec un visage enfantin.

Cette nymphe est en train de réveiller le côté enfantin de Lyssandre, quelque chose qu'elle n'a pu faire sortir depuis des millénaires.

Remarquant un bref instant le sourire sur les lèvres de la femme, la nymphe sourit de plus belle, quand plusieurs petits bruits derrière elle attirèrent son attention. Asako se retourna, cherchant à en savoir la cause. Le bruit des feuilles et celui des branches se cassant, mais rien d’alarmant. Sûrement, un petit animal, ce serait logique, puisqu’elles étaient en plein centre d’une immense forêt.

Cherchant à reporter toute son attention sur la femme aux cheveux blancs, la nymphe ne la voyait plus, enfin, elle n’était plus à l’emplacement ou elle était, il y a un instant. Étrange, mais intéressant, de même pour sa réponse.

"Tu veux connaître mon nom jeune nymphe ? Trouve-moi d'abord et je te répondrais !"

Avec joie, se dit-elle.

La nymphe riait doucement, regardant à gauche, puis à droite, ne pouvant se fier à son ouïe pour l’a guidé. La femme semblait utiliser une certaine magie, histoire de ne lui laisser aucune chance de la trouver. Mais rien n’empêcherait Asako d’assouvir sa curiosité, pas même la magie !

" Prête, pas prête, j’y vais ! " Cria-t-elle joyeusement.

C’est en gambadant qu’elle s’enfonça dans la forêt, observant chaque arbre et chaque ombre, oubliant ses craintes de se perdre, ou encore, de tomber sur de dangereuses créatures. Elle s’amusait bien, à chercher la femme aux cheveux blancs, mais cette forêt immense ne lui donnait qu’une mince chance de tomber, par hasard, sur la cachette de celle-ci. Asako aurait plus de chance de trouver un sentier pour retourner dans une ville ou un village, avant de la trouver, elle. Mais abandonner n’était pas une option pour la créature bleutée, et elle continua ses recherches.

" Je vais gagner cette partie de cache-cache ! " Dit-elle à voix basse, cherchant à se motiver.

La nymphe retourna à la clairière, à la recherche de trace de pas ou d’indices évidents de son passage.

» Asako Shuu