[ Zabraan Gladuos ] Maîtrise [ PV Kaëda Shakan ]

Il n'y arrive pas. Bordel, il n'y arrive pas !
Tellement...lourde.

Il voit la lame s'enfoncer doucement dans la terre, mouillée la veille à cause de la pluie, et se plains de son impuissance en criant de plus en plus haut, au fur et à mesure de ses efforts.
La garde dorée et massive commence à glisser dans ses deux mains, si faibles.

Quelques minutes plus tard, car il a réussi à tenir quelques minutes, sa transpiration transforma ses mains en deux extrémités poisseuses et elles firent déraper la grande épée, qui termina de faire comprendre à l'homme sa supériorité en s'écroulant avec fracas sur le sol.

Zabraan s'agenouille. Il laisse aussi choir ses coudes sur l'herbe, ainsi que sa tête, et se maudit: Pourquoi n'y arrive-t-il pas ? Pourquoi ne parvient-il pas à sauver Leoras ? Son frère a pourtant réussi...

Il regarde la relique allongée devant lui, en soulevant doucement son visage soumis devant elle.
Il serre les dents, et ses yeux s'animent d'une colère certaine. Enfin non, ce n'est pas de la colère, ou en tout cas pas envers autrui, mais envers lui-même. Il est bien énervé, mais contre sa propre incapacité à faire ce que Zamiron à accompli: Brandir l'épée des Gladuos, perpétrer l'oeuvre de son père en la portant et en découvrant les pouvoirs qu'elle recèle, les utiliser à des fins de bienveillance pour autrui, et...

Non.

Zamiron n'a pas remplie toute la part du marché. Ses intentions étaient mauvaises et l'honneur de leur famille a été sali par sa faute. Depuis qu'il a tué Za...

Zabraan s'était relevé sans s'en rendre compte. Repenser à ce moment, encore, alors qu'il avait vaincu son renégat de frère, qu'il l'avait enfermé, qu'il avait vengé Zanoth et qu'il avait rétabli la paix dans les âmes de ses autres frères...c'était assez douloureux pour qu'il soit animé d'une force inconnue et bienvenue.

Torse nu, libre de ses mouvements, il se baisse, cette fois en équilibre, et après avoir essuyé ses mains sur son pantalon, il reprend appuis et les place sur le pommeau, puis sur la poignée.
Sur ses avant-bras se dressent des veines saillantes, et il commence son inutile essai pour soulever Leoras.

Il ne faut pas s'étonner: Son frère a eu besoin de la magie pour la porter, et étant moins fort que lui, Zabraan ne comprend pas pourquoi il n'y arrive pas.

Le secret serai dans cette „magie“ ?
Zamiron disait contrôler, quand il tenait l'épée, les arts du vent et la maîtrise de l'air.
Ses redoutables attaques, décuplées par la force de l'élément, lui ont donné du fil à retordre, mais il l'a finalement vaincu.

Alors comment faire ?
Une sorte de rituel ? Des prédispositions à la magie ? Juste une question de personne ?
Peut être est-ce finalement une arme démoniaque qui s’emparerait des vices pour corrompre des esprits humains et accomplir des desseins maléfiques ? Non, ça part trop loin: Zamiron était complétement conscient, et leur père était un des plus braves guerriers d'Elesia.

Ce serait cette chaleur contenue dans la garde ? Après tout, ces éclats d'émeraude lumineux doivent être alimentés par quelque chose non ?
Il faudrait peut être regarder à l'intérieur, mais Zabraan n'a ni les compétences, ni l'envie d'abîmer ce trésor familial.

D'ailleurs, à ce moment là, le chevalier, enfin chevalier, c'était plus un voyageur maintenant, mais passons, stoppa ces réflexions qui l'embêtaient.


---------------------------------


Plusieurs jours passèrent.
Zabraan continuait inlassablement de tenter de soulever Leoras.
Le matin, il y parvenait de quelques centimètres. L'après midi, seulement à la faire bouger. Le soir, il passait plus son temps à chasser qu'à tenter: ça lui demandait moins d'efforts.

Il est actuellement huit heures du matin, et l'aîné des Gladuos se réveille. Il enlève son armure, la pose sur le rocher à sa droite, puis plante son épée, celle qui n'était qu'une grosse claymore que Zabraan appréciait énormément.

Il s'étire, sourit, regarde le soleil qui commence à briller de plus en plus, et démarre, en fronçant les sourcils, son combat contre l'objet inanimé.

Mais aujourd'hui, ce n'était pas ce qui allait remplir son temps.
Il entendit, doucement, derrière lui, une voix.

Qui était-ce ? Aucune idée.
Sans se retourner, expertement, d'un bond prodigieux, et après une roulade maîtrisée, il brandissait d'une main, avec peine, mais avec vigueur, son épée. Tout en dévisageant l'intrus, il ramena sa seconde main sur la poignée, et tendit droite l'arme en sa direction.

Pour tout dire, il n'avait pas entendu sa première phrase, occupé à autre chose. Enfin si, mais sans en comprendre le sens, ses réflexes lui dictant de se préparer instantanément à la défense en brandissant sa claymore.
Une voix plutôt douce, d'homme, parlant lentement. C'est tout ce qu'il put savoir lors de son mouvement, tellement il alla vite, concentré, plutôt qu'à tenter d'écouter.


Prêt à attaquer, il dévisagea l'intrus, qui avait l'air beaucoup plus surpris que lui: Plutôt grand, un peu moins que lui, un large manteau et des habits qui ne sont pas exclusivement faits pour le corps à corps, des cheveux blancs neige et un visage en apparence jeune...C'est un combattant ? Peu probable, ou alors une espèce de mage. Ce n'est peut être qu'un gars qui se promenait, mais c'est étrange que quelqu'un soit venu jusqu'ici pour le voir.

L'autre gars ne devait pas comprendre les raisons de cette posture de défense subite, ou alors il était juste étonné de ne pas avoir été assez silencieux pour le tuer discrètement. Enfin non, il a parlé, donc il ne voulait pas être discret.

Brisant les interrogations de Zabraan, le mystérieux perturbateur prit la parole:

- Désolé de vous avoir surpris ainsi, je ne vous veux strictement aucun mal. Libre à vous de me croire ou non évidemment.

Le croire ?
L'habit ne fait pas le moine, et le chevalier ne connait ni son nom, ni son statut, ni les raisons de sa venue.
Il vit aussi son bref regard sur Leoras: Il voudrait le lui voler ?
Peu enclin aux dialogues, Zabraan, comme d'habitude, balança une longue phrase truffée de questions pour aller droit au but et ne pas faire s'éterniser le discours:

-Je suis Zabraan, ancien chevalier d'Elesia, et je suis venu ici pour être seul. Je ne veux pas d'aide dans ma quête. Donnez moi votre nom, la raison de pourquoi vous m'avez dérangé et d'où vous venez, je verrai comment je dois vous considérer.


Là où quelques secondes plus tôt, le guerrier était positionné de façon à se défendre, il était dorénavant dans une posture qui pouvait entreprendre l'attaque aussi.