Emplettes et rencontres [PV Garance][Terminé]

Le quartier commerçant. Un lieu extrêmement vivant, et l'exemple absolument parfait qu'une seule et unique chose pouvait réunir tous les peuples et races : l'argent. Pour des pièces sonnantes et trébuchantes, les êtres se trouvant ici mettaient volontiers de côté leurs différences. Je ne savais pas si je devais être content de cela ou si je devais me soucier du caractère totalement ingrat de la chose. Enfin, la paix reignait dans la cité, et il fallait être fier de cela.

D'ailleurs, concernant cette cité, les règles étaient à la fois souples et strictes. Toute forme de violence physique ou magique était absolument prohibée dans l'enceinte de la cité-état, et ce, même pour les membres du quartier sombre, rassemblant les voleurs et assassins en entraînement. Si jamais un conflit venait à éclater, la garde d'élite de la cité venait aussitôt mettre un terme au conflit. Et si vraiment une personne se montrait belliqueuse et refusait de coopérer, alors elle devenait la cible d'entraînement de la guilde d'assassins de la cité.

Une cité fort bien construite et fort bien organisée, où l'apprentissage était le maître mot, et où même les parias respectaient les règles et exécutaient leurs tâches en toute légitimité.

Mais peu importait, en l'occurrence. Si j'étais sorti de l'Académie, c'était pour me procurer divers objets qu'il aurait été possible de transformer en artefacts, en tant que sujet de mon prochain cours. Ici, je le rappelle, nul besoin de dissimuler sa magie : au contraire, avec l'Académie de Magie en son centre, les êtres de cette cité faisaient un étalage abusif de leurs pouvoirs. Les auras se mêlaient entre tous ces êtres qui ne contrôlaient pas vraiment toute l'étendue de leurs pouvoirs, les gens volaient, faisaient cuire sur leurs stands de nourriture, ou encore refroidissaient leurs boissons...

Vraiment, une partie de la cité extrêmement agitée...

Me faufilant entre les personnes, j'en vint à m'arrêter à un stand vendant divers bibelots, certains en toc, d'autres d'excellente facture, et capable d'accueillir de la magie en leur sein. C'est donc avec un grand intérêt que je me penchais sur les bibelots à l'apparence somme toute attrayante.

Invité

Depuis qu'elle était arrivée dans la Cité-Etat d'Oldross, Garance ne se lassait pas de parcourir la ville. Elle avait une petite préférence pour le quartier artistique et son ambiance bohème. Elle était peuplée d'artiste de rues, mais des artistes un peu particuliers. Ils utilisaient la magie pour créer leurs œuvres, ou alors mêlaient techniques traditionnelles et magie pour rendre leurs créations plus « vivantes ».

Elle ne se lassait pas de les observer, se prenant à rêver qu'un jour elle aussi elle serait capable de créer des œuvres aussi belles. Parfois, quand elle observait un sculpteur, elle se rappelait ce qu'elle avait éprouvé en regardant Selephim créer la statue de glace à son effigie.

Mais, ce jour-là, elle avait décidé d'aller se balader dans le quartier commerçant.

Elle aimait aussi beaucoup cette partie de la ville. L'ambiance était survoltée et vivante. Les marchands s'invectivaient les uns les autres, des bonimenteurs haranguaient la folle, vantait les vertus de leurs articles.

Les rues étaient toujours bondées de badauds et de chalands de toutes origines. Certains à la recherche d'un article précis, les autres déambulant au gré de leur fantaisie entre les échoppes et les stands.

Et puis surtout, la magie était omniprésente. Pour elle qui avait grandi dans un tout petit village où la magie était considérée avec suspicion, cette ville était une éternelle source d'émerveillement.

Même à Myth, la magie n'était pas très répandue, en tout cas, pas utilisée aussi ostensiblement. Quand elle avait découvert que son amulette était magique et qu'elle-même en était pourvue, elle s'était sentie un peu « en marge ».

Mais, ici ce n'était pas le cas. Ici, tout le monde utilisait la magie pour tout et n'importe quoi. Du coup, elle se sentait beaucoup plus à l'aise avec la sienne.

Elle déambulait au milieu de la foule bigarrée lorsqu'elle repéra un stand très fréquenté, proposant des bibelots divers et variés. Se glissant entre les badauds, elle se rapprocha du stand pour observer de plus prés ce qu'il proposait.

Elle était absorbée par la contemplation des articles lorsqu'un mouvement de foule la fit trébucher. Elle tomba, bousculant quelqu'un à qui elle s'accrocha pour se retenir.

Elle se redressa en s'excusant, mais les mots moururent sur ses lèvres lorsqu'elle reconnut le professeur Sevillon.

À cause de la foule, une personne vint me bousculer et s'aggrippa à moi pour éviter de tomber pour de bon. Baissant les yeux, je fus surpris de découvrir que le Destin avait encore bien des choses en réserve pour ma personne.

"Bien le bonjour, mademoiselle Elevann." dis-je d'une voix neutre on observant la jeune femme.

Celle-ci avait blêmi lorsqu'elle m'avait reconnu. J'imagine qu'il n'est jamais vraiment agréable de croiser son professeur dans la rue, surtout lorsque le professeur en question était un démon, mais j'imaginais sans peine qu'il devait y avoir bien plus à cela qu'il n'y paraissait.

En effet, le fait que j'étais un démon ne devait très certainement pas venir dans son esprit sans ses souvenirs de sa rencontre avec moi-même, quelques mois plus tôt. D'autant plus que Cyrine, son esprit contenu dans l'amulette autour de son cou avait soulevé maints et maints doutes quant à ma réelle identité. Bien entendu, les doutes en question étaient amplement justifiés, mais je ne pouvais en vouloir à Garance qui tentait désespérément de m'oublier. Et en l'occurrence, ce choix m'arrangeait au plus haut point, car je ne voulais très certainement pas que ses sentiments viennent influer sur son apprentissage.

Mais là encore, j'imagine qu'il ne s'agissait que d'une question de temps avant que ma vraie nature lui soit révélée, d'autant plus qu'elle semblait ne jamais vouloir se séparer de l'Orbe d'Ether, orbe qui en l'occurrence était l'élément qui avait le plus de probabilité de me trahir de par sa simple proximité.

Enfin, pour le moment, évitons de soulever encore plus les suspiçions à mon égard.
"Vous êtes venue visiter la ville ? Ou bien faire quelques emplettes ?" lui demandais-je innocemment.

Invité

"Bien le bonjour, mademoiselle Elevann."

Garance s'efforça de reprendre une contenance, mais les ricanements de Cyrine dans son esprit ne l'aidaient pas vraiment.

Elle acheva de se redresser, avec un sourire d'excuse et s'éloigna du professeur Sevillon autant que la foule autour d'eux le lui permettait. Et ce n'était pas assez à son goût.

Tomber sur un professeur dans la rue était déjà quelque peu embarrassant, mais lui tomber littéralement dessus l'était encore plus. Surtout quand le professeur en question était un démon et que sa simple présence réveillait les souvenirs perturbants d'une autre rencontre avec quelqu'un de son espèce.

Le fait qu'il soit un démon la perturbait. Elle se demandait s'il existait beaucoup de démons et s'il connaissait Séléphim.

-« Héhé... ou alors s'il n'est pas lui ? » dit Cyrine qui semblait beaucoup s'amuser de la situation.

Garance sentit comme une légère agitation au niveau de la magie de l'orbe, mais rien de comparable avec ce qui s'était passé lors de sa deuxième rencontre avec Selephim.

Elle prit une grande inspiration pour se calmer avant de relever les yeux vers le professeur Sevillon, profitant de cette proximité forcée pour l'observer plus attentivement.

Il semblait plus âgé que Selephim, il faisait plus mûr. Au fond de ses yeux dorés brillait ce qui ressemblait à une petite lueur amusée.

"Vous êtes venue visiter la ville ? Ou bien faire quelques emplettes"

Elle lui sourit légèrement, se mordant l'intérieur des joues. Elle hocha les épaules en répondant :

-« Ni l'un, ni l'autre, je suppose. Je me promène, c'est tout. J'aime bien l'ambiance de ce quartier »

Elle s'interrompit le temps de laisser son regard errer sur la foule bigarrée avant de reprendre.

-« Là d'où je viens, la magie est considérée avec suspicion et personne n'aurait l'idée de l'utiliser aussi ouvertement dans la rue. Et puis, ici, je découvre toujours de nouvelles choses. »

Ramenant ses yeux sur l'étal à côté d'eux, elle ne put s'empêcher de demander d'un ton un peu goguenard :

-« Et vous Mr Sevillon ? Vous êtes-là pour personnaliser un peu votre intérieur ?

"Et vous Mr Sevillon ? Vous êtes-là pour personnaliser un peu votre intérieur ?"

La boutade m'arracha un petit rire que je ne me serais pas permis si j'avais été sous ma forme originelle. Mais il fallait croire que le changement de forme et de statut influençait ma personnalité plus que ce que je le pensais. Ou alors, j'étais naturellement doué pour jouer un rôle qui n'était pas le mien. Au choix.

"Non, je suis venu chercher quelques objets pour mon prochain cours, qui portera sur la création et l'utilisation d'artefacts. Et il se trouve que ce genre de bibelots est exactement ce que je cherche. Quant à la magie, ici... Eh bien, je dirais que cette cité toute entière est sous la juridiction de l'Académie de Magie, alors oui, les gens ici en font une utilisation parfois un peu abusive. C'est d'ailleurs assez désagréable lorsque l'on est sensible aux émissions de magie."

En effet, après avoir plongé corps et âme dans la magie, on y devenait plus sensible, plus réceptif. Si cela était très utile pour déceler par notre sixième sens l'utilisation de la magie aux alentours, grâce à de petits picotements sur la surface de notre peau, je vous laisse imaginer ce qu'il en était lorsque la magie était utilisée à outrance comme ici. Je pense d'ailleurs que je serais très certainement en train de me déplacer tout en me grattant chaque parcelle de mon corps si je ne m'étais pas entièrement fermé à la magie par précaution.

"Tiens, d'ailleurs, mademoiselle Elevann... Si ce n'est pas indiscret, comment êtes-vous parvenue jusqu'ici ? Vous avez vous-même dit que vous n'étiez pas du coin, et la cité-état d'Oldross n'est très clairement pas à la portée du premier venu."

Invité

Mr Sevillon rit de sa boutade et Garance en fut surprise. Elle pensait les démons moins démonstratifs… mais bon, sa connaissance des démons était plutôt limitée. Il n’y avait pas de raison qu’il n’y ait pas autant de diversité de comportements chez eux que chez les humains.

Il lui expliqua qu’il cherchait des babioles pour le prochain cours.

Pendant qu'il parlait, Garance ne put s'empêcher d'éprouver une impression de déjà vu. Elle ne voulait pas vraiment croire qu'il puisse être Selephim, mais sans qu'elle puisse vraiment définir quoi, elle avait l'impression de le connaître. Quelque chose dans son maintien peut-être, dans sa façon de bouger.

Elle s'extirpa de ses pensées quand il reprit la parole :

"Tiens, d'ailleurs, mademoiselle Elevann... Si ce n'est pas indiscret, comment êtes-vous parvenue jusqu'ici ? Vous avez vous-même dit que vous n'étiez pas du coin, et la cité-état d'Oldross n'est très clairement pas à la portée du premier venu."

Elle lui sourit, haussant à nouveau les épaules avant de répondre laconiquement :

-« Je suis venue à cheval, après avoir reçu une invitation. »

Plus elle restait en sa présence, plus son impression de déjà vu ce renforçait. Pourtant, si elle avait rencontré un autre démon que Selephim, elle pensait qu'elle s'en rappellerait.

Elle se mordilla un instant l’intérieur des joues, hésitant à poser la question qui lui brûlait les lèvres. Puis elle se dit que c'était le moment où jamais. Ils étaient tout les deux hors de l'enceinte de l'école, donc techniquement, ils n'étaient plus dans une relation professeur/élève.

Finalement, elle se jeta à l'eau, en se disant que dans le pire des cas, il refuserait de répondre à la question. Mais que dans tout les cas, sa réaction serait probablement une réponse en elle-même.

-« Professeur Sévillon, puis-je vous poser une question un peu indiscrète ? » Puis sans attendre sa réponse elle continua « Est-il possible que nous nous soyons déjà rencontrés ? »

"Professeur Sévillon, puis-je vous poser une question un peu indiscrète ? Est-il possible que nous nous soyons déjà rencontrés ?"

Alors la question qui lui brûlait les lèvres avait finalement été posée. Bah, cela devait bien arriver à un moment ou à un autre, je suppose. Mais je n'étais pas enclin à révéler mon identité aussi vite. Après tout, il était à craindre qu'en découvrant ma réelle identité, Garance ne se concentre plus réellement sur les cours et son apprentissage, et c'était un risque que je n'étais pas prêt à prendre.

Pas maintenant.

Car son apprentissage, ses progrès étaient ce qui permettraient à l'Orbe d'Ether de se nourrir. Au plus Garance devenait habile avec sa magie, au plus l'Orbe serait vite rempli, et avec de l'énergie de qualité, qui plus est. J'allais d'abord éluder sa question, et ne répondre que si vraiment je n'avais plus le choix, car je me répugnais à mentir, pour quelque raison que ce soit.

Autant faire traîner les choses en longueur tant que j'en avais la possibilité.
"Tiens donc ? Et qu'est-ce qui vous ferais dire cela, je vous prie ?"

J'espérais sincèrement qu'elle ne se poserait pas plus de questions que cela, même si la probabilité était bien faible compte tenu de ses propres doutes et de Cyrine qui ne loupait pas la moindre petite occasion de le lui rappeler.

Un de ces quatre, j'allais m'occuper de rabattre le caquet de cette amulette, que ce soit de manière diplomatique... ou définitive.

Invité

"Tiens donc ? Et qu'est-ce qui vous ferais dire cela, je vous prie ?" répondit le professeur Sévillon.

Garance se sentit bête. Elle se traita d'imbécile. Elle était bien en peine d'expliquer concrètement ce qui avait suscité sa question.

Elle baissa la tête, mal à l'aise sous le regard de son professeur. Elle laissa le silence s'étirer quelques instants, cherchant ce qu'elle pourrait dire.

C'était vrai qu'elle avait l'impression de l'avoir déjà rencontré. Si ses doutes étaient fondés, il était normal qu'il lui soit "familier". Elle aimait à se dire qu'elle aurait été capable de reconnaitre Selephim quelle que soit l'apparence qu'il aurait prise, que son cœur aurait su le reconnaitre, même si elle savait que ça ne serait probablement pas aussi évident que ça.

Mais maintenant, elle ne savait plus vraiment si les doutes que Cyrine avait fait naître dans son esprit, ne l'avaient pas amenée à chercher des similitudes, à voir des choses qui n'existaient pas, ou qui n'était que des hasards.

Une autre possibilité pouvait être qu'elle avait déjà rencontré le professeur Sevillon sans en garder le souvenir. Peut-être dans son enfance, ou alors, peut-être qu'en tant que démon, il avait la possibilité de modifier les souvenirs des humains ?

Quoi qu'il en soit, il était indéniable que la présence du professeur Sevillon ranimait en elle les sentiments qu'elle éprouvait pour Selephim. Des sentiments qu'elle avait pris tant de soin à étouffer et qu'elle avait pensé avoir laissé derrière elle en venant à Oldross.

Garance secoua légèrement la tête pour chasser ses idées ridicules qui lui embrouillaient l'esprit avant de répondre :

-"Je... je ne sais pas trop... je... c'est juste une impression, comme si vous m'étiez familier d'une certaine manière. Comme si je vous avais déjà rencontré mais sans en avoir gardé le souvenir. Je ne sais pas trop comment l'expliquer."

Elle se tut un instant, se mâchouillant la lèvre avant d'ajouter dans un souffle :

-"Finalement, ça n'a pas d'importance, je pense que c'est juste parce que... vous me le rappelez."

Elle releva les yeux vers le professeur Sevillon avec un petit sourire contrit et un haussement d'épaule.

"Finalement, ça n'a pas d'importance, je pense que c'est juste parce que... vous me le rappelez."

Je trouve qu'elle abandonne bien trop facilement... Enfin, je n'allais pas me plaindre, puisque cela rejoignait mes intérêts. Autant poursuivre dans son ignorance en ajoutant encore une petite couche.

"Hmm... Si tant est que vous ayez croisé un autre démon au cours de votre existence, il est tout à fait possible que mon aura plutôt ténébreuse vous rappelle quelque chose."

Mon côté professoral reprenant le dessus, je ne pus m'empêcher de lui donner un petit cours improvisé sur place :
"Voyez-vous, la magie est aussi comme une sorte d'empreinte, unique à chacun. Toutefois, il existe des similitudes entre personnes d'une même espèce. Si vous n'êtes pas une maître en matière de magie, vous ne pourrez que percevoir ces similitudes. Et en l'occurrence, vous ressentez cette similitude par une impression de déjà-vu. Par conséquent, il est possible que vous me confondiez avec un autre démon."

Ce que je faisais n'était pas vraiment mentir, mais je n'étais pas non plus satisfait de la fourvoyer ainsi... Enfin, la fin justifie les moyens, dit-on, et pour l'occasion, je ne pouvais me permettre de révéler aussi facilement ma véritable identité.

Invité

"Hmm... Si tant est que vous ayez croisé un autre démon au cours de votre existence, il est tout à fait possible que mon aura plutôt ténébreuse vous rappelle quelque chose."

Pendant qu'il parlait, elle hocha la tête. Oui, c'était probablement ça.

-« Tu vois, » dit-elle à Cyrine, « c'est ce que je pensais ! »

-« Ouai... enfin, tout ce qu'il dit c'est que tous les démons ont une aura semblable... »

Elle secoua légèrement la tête. Cyrine n'allait pas lâcher le morceau aussi facilement, mais pour elle, l'explication lui convenait parfaitement.

Puis il reprit un ton professoral pour ajouter :

"Voyez-vous, la magie est aussi comme une sorte d'empreinte, unique à chacun. Toutefois, il existe des similitudes entre personnes d'une même espèce. Si vous n'êtes pas une maître en matière de magie, vous ne pourrez que percevoir ces similitudes. Et en l'occurrence, vous ressentez cette similitude par une impression de déjà-vu. Par conséquent, il est possible que vous me confondiez avec un autre démon."

Elle ne put retenir un léger rire, se demandant si tous les démons avaient tant de goût pour l'enseignement.

Elle se rendit compte soudain que c'était plutôt ça qui lui rappelait Selephim. Son goût pour l'enseignement. Même ici, au milieu de la foule du quartier commerçant, il ne pouvait pas s'empêcher de lui faire un cours magistral sur la magie, comme s'ils avaient été dans une salle de cours de l'académie.

Quoi qu'il en soit, même si ce démon lui rappelait Selephim et les sentiments qu'elle ressentait pour lui, il allait bien falloir qu'elle fasse avec.

Rejetant ses cheveux, et ses pensées, par-dessus son épaule d'un mouvement de tête, elle reprit avec un sourire :

-« Alors, professeur Sévillon... Puis-je espérer une petite exclusivité ? Me direz-vous ce que vous envisagez de nous apprendre avec ses babioles ? »

"Alors, professeur Sévillon... Puis-je espérer une petite exclusivité ? Me direz-vous ce que vous envisagez de nous apprendre avec ces babioles ?"

"Eh bien, comme je le disais un peu plus tôt, ces objets vont servir pour mon cours sur la création et l'utilisation d'artefacts. Ainsi donc, et comme son nom l'indique, vous apprendrez à créer et à vous servir d'un artefact. D'autant plus que vous en possédez deux sur vous, alors ce serait d'autant plus intéressant vous concernant."

Ah... J'avais reporté à nouveau son attention sur l'Orbe d'Ether qu'elle portait, et devait sans doute lui rappeler ma personne (du moins, ma personne au nom de Selephim, j'entends). Oh, et puis, tant que j'étais parti sur le sujet, autant détourner son attention sur autre chose.

"Mais bon, si vous vous sentez de prendre de l'avance sur ce cours, je ne peux que trop vous conseiller de vous pencher sur les livres en traitant, et apprendre ainsi la théorie derrière. Cela ne pourra pas vous faire de mal. J'ai cru comprendre que les archives de l'Académie contenaient de très nombreux livres, alors je suis sûr que vous pourriez y trouver votre bonheur."

D'ailleurs, en parlant de ces archives, il serait bon que j'y fasse moi-même un tour, afin de voir s'il ne contenait pas quelques uns de mes livres, par le plus grand des hasards. Enfin, le plus grand des hasards... Il s'agissait de la plus grande bibliothèque de Dylisia et la plus riche, mais aussi la plus secrète. Il devait donc y avoir nombre d'ouvrages précieux, certains n'étant même pas disponibles au grand public...

Invité

"Eh bien, comme je le disais un peu plus tôt, ces objets vont servir pour mon cours sur la création et l'utilisation d'artefacts. Ainsi donc, et comme son nom l'indique, vous apprendrez à créer et à vous servir d'un artefact. D'autant plus que vous en possédez deux sur vous, alors ce serait d'autant plus intéressant vous concernant."

Garance tiqua légèrement en l'entendant évoquer l'amulette et l'orbe. Elle savait qu'il avait détecté Cyrine quasi immédiatement au début du cours précédent. Elle avait fini par faire admettre à l'esprit qu'elle s'était fait remettre gentiment en place au bout de quelques minutes et que c'était pour ça qu'elle était restée silencieuse pendant le reste du cours.

Mais l'Orbe ? Au milieu de toute cette débauche de magie, elle trouvait surprenant qu'il ait pu la détecter. Mais bon. Il devait avoir des capacités bien plus développées que les siennes.

Elle l'écouta à peine lui conseiller de faire des recherches à la bibliothèque. Soudain, une nouvelle question lui brûlait les lèvres.

Pour elle, l'orbe n'était qu'un souvenir. Le souvenir d'une rencontre qui avait changé sa vie. Et c'était aussi un signal, elle savait que si Selephim se trouvait dans les parages, l'orbe réagirait à la présence de son créateur... enfin, elle le pensait. Mais au fond, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle était.

Selephim avait évoqué une infime parcelle de sa magie, quelque chose qu'elle pourrait utiliser quand elle serait plus expérimentée.

Elle réfléchissait en se mordant furieusement l'intérieur des joues. Poser cette question l'obligerait à évoquer Selephim et leur relation. Cela ne manquerait pas d'éveiller la curiosité du professeur Sévillon. Mais elle avait envie d'avoir des réponses.

Tout en réfléchissant, elle caressa le renflement que la bille de glace formait dans le cuir de sa besace. Oui. De toute façon, elle pensait que le professeur devait déjà avoir deviné une bonne partie de l'histoire. Il savait qu'elle avait deux objets magiques sur elle, elle était sûre qu'il savait aussi exactement de quoi il s'agissait.

Elle releva les yeux vers le professeur, et commença, d'une voix mal assurée. Comme si les mots rechignaient à sortir de sa bouche.

-« Professeur Sevillon, pouvez-vous me dire ce qu'est l'orbe exactement ? Je... je sais qu'elle contient un fragment de magie, mais je ne sais pas de quelle magie il s'agit. Et j'avoue que jusqu'ici, je ne m'en suis pas souciée. Ce n'est pas pour son pouvoir qu'elle m'est précieuse. »

Garance s'interrompit, et déglutit pour essayer de chasser la boule douloureuse qui se formait dans sa gorge.

-« Elle m'est précieuse, parce que c'est le souvenir d'une promesse qu'il m'avait offert. Une promesse qui ne sera plus jamais tenue à présent... » sa voix mourut les derniers mots, alors que les souvenirs de cet instant affluaient dans sa mémoire.

Elle se rappela son baiser, la sensation de la bille de glace quand il l'avait glissée dans sa main. Son sourire qui semblait plein d'espoir juste avant qu'il ne disparaisse.

Elle baissa vivement la tête en se mordant les joues quand elle sentit des larmes picoter ses yeux.

Elle se sentit rougir. Hors de question de se mettre à chialer comme une bécasse devant son professeur.

Se raclant la gorge, elle releva les yeux en forçant son sourire.

-« Est-ce que vous, vous pourriez m'en dire plus sur cet objet ? » Demanda-t-elle d'un ton légèrement plus implorant qu'elle ne l'aurait voulu.

"Est-ce que vous, vous pourriez m'en dire plus sur cet objet ?"

Allons bon... Il devenait de plus en plus difficile de lui cacher la vérité... Je savais pertinemment que je ne pourrais pas y échapper perpétuellement. Enfin, autant lui donner les informations qu'elle désirait.

"L'Orbe que vous portez contient de la magie à l'état pur, de l'Ether. Il s'agit de magie à l'état pur, mais aussi de la forme la plus difficile à manipuler, justement de par sa pureté. Et, comme toute magie d'Ether, cette Orbe contient une partie de celui qui a créé cet artefact. Vous possédez à présent une partie de sa magie. La magie d'un démon..."

Poussant un soupir intérieur, je repris d'une voix neutre.
"Quant à cette promesse dont vous parlez... Je ne sais pas vraiment comment vous pouvez faire confiance à un démon." dis-je en oubliant que sous cette forme également j'étais un démon. "Les démons sont pourtant réputés comme cause de nombreux massacres, pour ne citer que l'un des pires. Mais..."

Cette fois, je ne pus retenir le soupir qui s'échappa de mes lèvres :
"Je ne pense pas qu'un démon vous aurait laissé une partie de sa propre magie s'il n'avait pas l'intention de revenir..."

Si j'avais en effet l'intention de revenir récupérer l'Orbe lorsque le moment de vaincre Lucifer serait venu, ce n'était pas du tout dans ce sens que j'avais prononcé cette dernière phrase...

Invité

"L'Orbe que vous portez contient de la magie à l'état pur, de l'Ether. Il s'agit de magie à l'état pur, mais aussi de la forme la plus difficile à manipuler, justement de par sa pureté. Et, comme toute magie d'Ether, cette Orbe contient une partie de celui qui a créé cet artefact. Vous possédez à présent une partie de sa magie. La magie d'un démon... Quant à cette promesse dont vous parlez... Je ne sais pas vraiment comment vous pouvez faire confiance à un démon. Les démons sont pourtant réputés comme cause de nombreux massacres, pour ne citer que l'un des pires. Mais..."

Garance leva un sourcil surpris. Un démon qui lui disait qu'elle ne pouvait pas faire confiance à un démon ? Peut-être s'estimait-il supérieur à ceux de sa race.

Elle surprit le léger soupir qui lui échappa. Comme s'il regrettait par avance ce qu'il allait dire ou, comme si ayant compris ce qu'elle ressentait pour Selephim, il regrettait qu'une de ses élèves se soit laissée séduire par l'un des siens.

"Je ne pense pas qu'un démon vous aurait laissé une partie de sa propre magie s'il n'avait pas l'intention de revenir..."

Garance baissa les yeux, en secouant légèrement la tête de droite à gauche, repensant à ce qui s'était passé dans le cimetière la dernière fois où elle avait vu Selephim.

-« Vu comment c'est terminée notre dernière rencontre, et la façon dont il a rejeté cet objet, comme un déchet... comme s'il n'en avait plus rien à faire, comme s'il regrettait de l'avoir créé, je doute qu'une nouvelle rencontre soit très bonne pour ma santé. » Relevant les yeux vers le professeur Sévillon, elle ajouta « Il avait proposé de m'apprendre la magie. Mais je l'ai déçu. Autant que vous le sachiez. »

Elle s'arrêta un instant, le temps de prendre une profonde inspiration avant de reprendre :

-« Je suis novice en ce qui concerne la magie, mais j'ai toujours eu l'impression que l'orbe renfermait quelque chose de puissant. J'ai déjà commencé à utiliser la magie de mon amulette, avec l'aide de Cyrine... » Se rappelant que le professeur ne connaissait pas Cyrine, elle précisa avec un petit rire, « C'est l'esprit de l'amulette, celle que vous avez rappelée à l'ordre lors du premier cours

Pour en faire la démonstration, elle tendit sa main ouverte, paume vers le ciel et se concentra pour y faire apparaître quelques flocons qu'elle fit danser au-dessus de sa main.

-"Mais l'orbe" reprit-elle "j'ai jamais osé y toucher. Je ne sais pas si je serais un jour capable de contrôler un tel pouvoir."

Tout en parlant, elle regardait les flocons avec un petit sourire triste. Relevant les yeux vers le professeur Sevillon, elle dit :

-« Évidemment, ce n'est pas grand-chose, avec Cyrine qui m'aide, c'est plus facile. Encore que... »

Elle rit en ajoutant :

-« La première fois que j'ai tentée de faire apparaître des flocons, je me suis fait copieusement doucher, et avant de parvenir à ce résultat, j'ai inondé ma chambre un certain nombre de fois, et la pelouse devant le bâtiment de la bibliothèque n'a jamais été aussi bien arrosée que cette année. »

Reprenant un ton sérieux et un peu rêveur, elle continua, plus pour elle-même que pour son interlocuteur :

-« Mais j'ai fini par y arriver. Pour lui. Même s'il ne le verra jamais, c'est lui qui me motive. Je voudrais tellement qu'il soit fier de moi. Je voudrais tellement avoir l'occasion de me racheter.

"Mais j'ai fini par y arriver. Pour lui. Même s'il ne le verra jamais, c'est lui qui me motive. Je voudrais tellement qu'il soit fier de moi. Je voudrais tellement avoir l'occasion de me racheter."

Tss... Moi qui me disait démon, à présent, je devais empêcher mon coeur de faire des bonds inutiles dans ma poitrine, et je devais empêcher mon cerveau de céder à ses complaintes. Qu'il était tentant de dire que j'étais celui à qui elle voulait faire plaisir ! Qu'il était tentant de lui dire que je la regardais en ce moment même ! Qu'il était tentant de dire que j'étais Selephim !

Mais je ne devais pas céder à la tentation. Des choses bien plus importantes étaient en jeu. Même si mon esprit commençait sérieusement à douter de l'importance des choses en ce moment... Tout est relatif, je le savais bien, mais j'étais fier de ma propre objectivité. Et voilà que mon objectivité battait en retraite devant les sentiments que cette jeune femme éveillait en moi.

Dorénavant, je le savais : je n'étais pas plus expressif parce que je jouais mon rôle de professeur, non. J'étais devenu plus expressif parce que cette femme se trouvait dans mon champ de vision.

Mais je ne devais pas céder. Trouver comment poursuivre la conversation sans qu'elle ne se doute de rien, mais sans briser ses espoirs pour autant. Les espoirs qui me faisaient alors défaut pendant si longtemps.

"Vous dites qu'il voulait vous apprendre la magie, et que vous l'avez déçu... Et pourtant, regardez autour de vous : vous êtes à l'endroit où la magie est au centre de tout. Je suis certain que cette déception ne serait même plus d'actualité. Et puis, comme je l'ai dit plus tôt, je doute qu'un démon vous ait confié une partie de sa magie s'il n'avait pas l'intention de revenir vous voir à un moment où à un autre. De plus..."

Je pris une grande inspiration pour que ma voix reste la plus neutre possible :
"Vous ne le sentez peut-être pas, mais tout comme votre amulette vous protège, l'Orbe que vous portez en fait de même. Je ne voudrais pas être à la place de celui qui osera vous attaquer lorsque nous passerons à des leçons plus pratiques..."

Invité

"Vous dites qu'il voulait vous apprendre la magie, et que vous l'avez déçu... Et pourtant, regardez autour de vous : vous êtes à l'endroit où la magie est au centre de tout. Je suis certain que cette déception ne serait même plus d'actualité. Et puis, comme je l'ai dit plus tôt, je doute qu'un démon vous ait confié une partie de sa magie s'il n'avait pas l'intention de revenir vous voir à un moment où à un autre. De plus..."

Soudain, l'incongruité de la situation la frappa. Elle parlait d'un démon qu'elle avait tant aimé, avec un autre démon, qu'elle ne connaissait que depuis quelques jours, et qui pourtant semblait étrangement concerné par cette histoire.

Se pouvait-il qu'il connaisse Selephim et que ce dernier est évoqué Garance devant lui ? Non, c'était très improbable. Elle ne pensait pas Selephim du genre à s'épancher auprès de qui que ce soit.

Pourtant, elle avait l'impression que le professeur Sevillon, qui lui avait dit peu avant qu'elle ne pouvait pas faire confiance à un démon, semblait à présent chercher à la rassurer.

Il parlait comme s'il savait que Selephim n'était pas si déçu et qu'il reviendrait.

Elle secoua légèrement la tête. Cette conversation était surréaliste et elle n'était pas sûre d'avoir envie de continuer à parler de ça avec son professeur, mais d'un autre côté, elle était heureuse de pouvoir parler de Selephim.

Elle n'en avait parlé à personne, à part à Cyrine, au début. Mais, après l'incident du cimetière, elle n'avait plus voulu en parler. C'était trop douloureux.

Elle se rendit compte que d'en parler, même à mots couverts avec un parfait étranger, lui faisait du bien.

Après avoir prit une grande inspiration, il reprit :

"Vous ne le sentez peut-être pas, mais tout comme votre amulette vous protège, l'Orbe que vous portez en fait de même. Je ne voudrais pas être à la place de celui qui osera vous attaquer lorsque nous passerons à des leçons plus pratiques..."

Garance sortit de ses pensées. Elle ne voulait pas qu'il arrive quelque chose à l'un de ses camarades de classe ! Surtout pas Nim, avec qui elle travaillait souvent en binôme, même si leurs relations étaient un peu fraîches ces derniers temps.

-« Que voulez-vous dire ? Est-ce que vous pensez que quelqu'un pourrait être blessé par ma faute ? » Demanda-t-elle avec inquiétude.

"Que voulez-vous dire ? Est-ce que vous pensez que quelqu'un pourrait être blessé par ma faute ?"

Et là encore, elle s'inquiétait pour son prochain plutôt que pour elle-même... Enfin... C'est ce qui faisait son charme, je suppose...

"Si vous ne songez pas à celui qui vous attaque comme un ennemi, je pense que vous n'aurez qu'une réaction défensive de la part de l'Orbe, et de votre esprit. Mais je parlais surtout du cas où vous considérerez un adversaire comme un ennemi, auquel cas une riposte musclée se fera sentir. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous séparer de ces deux artefacts en votre possession pour les cours pratiques nécessitant un combat. Simple sécurité, voyez-vous. Après tout, vous êtes sous ma responsabilité pendant toute la durée de mes cours, et je m'en voudrais de voir un élève décéder prématurément pour la seule et unique raison que vous portez des objets fort dangereux sur vous."

Et ce point n'était que trop vrai. Lors d'un combat, qu'il soit monté de toutes pièces ou non, il était primordial de considérer son adversaire comme un ennemi. Hors, il était plus que possible que l'Orbe réagisse en conséquence, sans même compter l'intervention de l'esprit de l'amulette dans l'équation.

Même sans connaître grand chose de la magie à l'heure actuelle, Garance devait sans aucun doute être l'une des existences les plus intouchables de la cité état d'Oldross, car si l'amulette était un artefact bien plus puissant que son esprit ne le laissait songer, l'Orbe était un artfefact créé de mes propres mains, contenant ma propre magie. Si une personne osait s'attaquer à elle, l'Orbe réagirait, et très certainement pas d'une manière pacifique. Après tout, il contenait plus de magie que quiconque dans cette cité (sauf peut-être le directeur Oldross lui-même), et si personne n'avait remarqué son existence à part moi, c'est parce que le contenant - la sphère de glace - réduisait considérablement l'aura de l'objet.

Enfin... J'espère au moins qu'avec le prochain cours, la jeune femme apprenne à se servir au mieux de ses deux possessions...

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"Si vous ne songez pas à celui qui vous attaque comme un ennemi, je pense que vous n'aurez qu'une réaction défensive de la part de l'Orbe, et de votre esprit. Mais je parlais surtout du cas où vous considérerez un adversaire comme un ennemi, auquel cas une riposte musclée se fera sentir. Je ne saurais que trop vous conseiller de vous séparer de ces deux artefacts en votre possession pour les cours pratiques nécessitant un combat. Simple sécurité, voyez-vous. Après tout, vous êtes sous ma responsabilité pendant toute la durée de mes cours, et je m'en voudrais de voir un élève décéder prématurément pour la seule et unique raison que vous portez des objets fort dangereux sur vous."

Garance se sentit pâlir quand le professeur Sévillon lui expliqua ce qui pourrait se produire si Cyrine et l'Orbe avaient l'impression qu'elle était en danger. Elle hoqueta alors que les visions de toutes les horreurs qui pouvaient arriver à ses camarades de classe, et à Nim en particulier, se formaient dans son esprit. Elle imagina le corps sans vie de Nim devant elle, tué par l'orbe ou par Cyrine. Elle se sentit sur le point de défaillir à cette pensée.

Jamais, elle ne pourrait se remettre d'un tel évènement. C'était tout simplement terrifiant de penser qu'elle pouvait receler un tel pouvoir sans être encore en mesure de le contrôler.

Elle se dit qu'elle devrait se résoudre à ne pas garder l'Orbe et Cyrine sur elle pendant les cours, mais d'un autre côté, elle répugnait à se séparer d'elles.

L'orbe, à la rigueur, elle pourrait la laisser dans sa chambre, même si elle savait par avance qu'elle s'inquiéterait d'un éventuel cambriolage.

Par contre, Cyrine, c'était hors de question. Et puis avec Cyrine, elle communiquait, alors, elle se disait qu'elle pourrait probablement lui faire comprendre qu'elle devrait se tenir tranquille le temps du cours.

-« Évidemment, tu me prends pour qui ? Je suis pas idiote ! Je te promets que je me tiendrai tranquille pendant tes cours... Enfin, que je ne blesserais sérieusement personne. » dit la voix de l'amulette dans sa tête.

Garance se sentit sourire.

Mais, une autre question se posa à son esprit. Si le prochain cours portait justement sur les artefacts magiques, peut-être serait-il utile qu'elle ait les deux en sa possession pour ce cours précis.

-« J'ai compris professeur Sevillon. Je vous promets que je n'amènerai plus l'orbe avec moi pour les cours, mais Cyrine, c'est hors de question. Je peux communiquer avec elle, je sais qu'elle comprendra qu'elle ne doit pas intervenir pendant les cours, quels que soient mes sentiments vis-à-vis de mon partenaire. ».

Elle s'interrompit un instant, le temps qu'il comprenne bien qu'elle ne se séparerait pas de son amulette. Puis elle reprit, ses réflexions lui faisant froncer les sourcils :

-« Dites-moi, professeur. Si le prochain cours porte sur les artefacts magiques... Ne serait-il pas judicieux que j'ai les deux miens avec moi ce jour-là ? »

"Dites-moi, professeur. Si le prochain cours porte sur les artefacts magiques... Ne serait-il pas judicieux que j'ai les deux miens avec moi ce jour-là ?"

"Nous nous sommes mal compris, je crois. Lorsque je disais qu'il vaudrait mieux vous séparer de vos artefacts, je parlais uniquement lorsque nous aurons des travaux pratiques plus dangereux. Vous les mettrez de côté dans votre sac, ou que sais-je encore. Je ne vous demande clairement pas de vous en séparer pendant toute la durée de votre séjour ici, au contraire. Et puis, je ne vous oblige à rien non plus, je suis très bien capable de protéger mes élèves en cas d'un déchaînement imprévu de magie, mais que si vous voulez éviter tout incident, il s'agit du mieux à faire."

Son attachement à l'esprit de son amulette était peut-être un peu trop fort pour son propre bien, mais après avoir passé la plus grande partie de son existence avec, je ne pouvais que compatir de sa réaction.

"Et enfin, pour répondre à votre question, le prochain cours se fera avec des objets qui ne sont pas encore artefacts, que vous créerez de vos propres mains. Je ne peux décemment pas vous laisser vous exercer en premier lieu avec des artefacts qui dépassent de loin votre propre pouvoir magique, du moins pour l'instant."

Car je n'avais pas le moindre doute qu'elle finirait un jour par posséder une ressource magique immense...

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Garance fut rassurée de savoir qu'elle n'aurait pas à se séparer de l'orbe et de Cyrine, si ce n'est pour quelques instants, lors des travaux pratiques et que même à ces moments-là, elle ne seraient jamais bien loin d'elle.

"Et enfin, pour répondre à votre question, le prochain cours se fera avec des objets qui ne sont pas encore artefacts, que vous créerez de vos propres mains. Je ne peux décemment pas vous laisser vous exercer en premier lieu avec des artefacts qui dépassent de loin votre propre pouvoir magique, du moins pour l'instant."

Créer un artefact de ses propres mains ? Voilà qui promettait d'être très intéressant. Elle observa les objets exposés sur l'étal, se demandant lesquels le professeur leur réservait. Et si en attribuant tel ou tel objet à tel ou tel élève, il avait une idée derrière la tête.

Il y en avait pour tous les goûts, du plus simple colifichet aux bibelots d'une certaine valeur. Elle se dit que se serait dommage de gâcher un objet de prix pour une simple expérience au cours de laquelle il risquait fort d'être endommagé ou détruit.

Alors qu'elle observait l'étal, un objet attira son attention. Et une idée se forma dans son esprit.

Elle ramena son regard sur le professeur Sévillon et lui demanda :

-« Professeur, puisque vous m'avez offert la primeur du contenu de votre prochain cours, accepteriez-vous de me laisser choisir moi-même l'objet qui me servira lors de cette expérience ? »

"Professeur, puisque vous m'avez offert la primeur du contenu de votre prochain cours, accepteriez-vous de me laisser choisir moi-même l'objet qui me servira lors de cette expérience ?"

Tiens ? Elle aurait craqué pour l'un des objets exposés ? Bah, pourquoi pas.

"Eh bien, de base, j'aurais pris un maximum d'objets que je vous aurais laissé choisir de toute manière, car créer un artefact demande une certaine affinité avec l'objet, un certain goût. Mais si jamais vous avez déjà jeté votre dévolu sur un objet, je ne peux vous en empêcher. Toutefois, gardez en compte que tous les objets étalés ici ne sont pas forcément bons pour être transformés en artefacts. Certains ne sont que de la camelote qui ne pourront jamais conserver de la magie en leur sein."

Je me demandais bien quel pouvait être l'objet qui avait ainsi attiré l'attention de la jeune femme, en me demandant également si l'objet en question pourrait éventuellement devenir un artefact dans un futur proche. Parmi les objets exposés, il n'y en avait en effet que très peu qui pouvaient avoir un destin pareil : les autres se briseraient à la moindre tentative d'y insérer une source de magie.

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"Eh bien, de base, j'aurais pris un maximum d'objets que je vous aurais laissé choisir de toute manière, car créer un artefact demande une certaine affinité avec l'objet, un certain goût. Mais si jamais vous avez déjà jeté votre dévolu sur un objet, je ne peux vous en empêcher. Toutefois, gardez en compte que tous les objets étalés ici ne sont pas forcément bons pour être transformés en artefacts. Certains ne sont que de la camelote qui ne pourront jamais conserver de la magie en leur sein."

Garance sourit au professeur Sevillon et se pencha sur l'étal pour attraper l'objet qui avait attiré son attention. Elle se demandait s'il elle pourrait l'utiliser, au vu de ce qu'il venait de lui dire, mais quoi qu'il en soit, elle allait probablement le prendre.

Elle était presque sûre que le professeur n'avait même pas remarqué cette discrète petite chose, d'ailleurs, elle était presque sûre que personne ne l'avait remarquée aux milieux de tous les autres bibelots proposés.

Il était exposé dans un coin au fond de l'étal. Derrière d'autres objets beaucoup plus imposant et plus tape à l'œil.

C'était une petite bague, très fine, en argent. Des arabesques complexes retenaient une petite opale blanche pailletée d'éclats colorés.

Dans l'ombre où elle était placée, elle ne payait pas de mine, mais dés que Garance la prit entre ses doigts et qu'un rayon de soleil l'effleura, elle étincela de mille couleurs.

Elle la passa à son doigt. Elle tournait, étant légèrement trop grande pour ses doigts menus, mais ce n'était pas gênant. Garance ne supportait pas les bagues trop ajustées.

Tendant la main qui portait la bague vers le professeur Sevillon, elle lui demanda :

-« Qu'en pensez-vous professeur ? Est-ce que ce bijou pourrait convenir ? »

"Qu'en pensez-vous professeur ? Est-ce que ce bijou pourrait convenir ?"

Une réplique amusante me venant en tête, je dus me retenir d'afficher un sourire en coin.

"Eh bien, outre le fait que ce bijou pourrait dans le futur devenir un artefact, je dois également admettre qu'il vous convient parfaitement, mademoiselle Elevann."

Laissant la jeune femme réagir de son côté à ma réplique, et l'observant du coin de l'oeil, je me tournai vers le vendeur derrière son étal et lui indiquait les quelques objets qui pourraient stocker de la magie afin de les lui acheter, plus la bague que portait à présent Garance.

Si la somme totale pouvait sans conteste en faire pâlir plus d'un, j'avais, grâce au directeur, des fonds illimités concernant mes cours. Oh, bien entendu, le vendeur affichait un sourire narquois même pas dissimulé, satisfait de me rouler par rapport à ses prix exhorbitants, mais je n'en avais cure.

Une fois les objets mis dans un sac de toile en vrac, je me tournai à nouveau vers la jeune femme.
"Bien, j'imagine que je vais donc vous laisser, mademoiselle. Je vais continuer mes recherches. Sur ce."

Et je fis un pas vers la foule pour m'éloigner.

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"Eh bien, outre le fait que ce bijou pourrait dans le futur devenir un artefact, je dois également admettre qu'il vous convient parfaitement, mademoiselle Elevann."

Garance resta un instant interdite et vaguement troublée par les propos du professeur Sevillon. Elle sentait qu'il y avait quelque chose d'autre derrière les mots, mais elle ne savait pas quoi.

Pourquoi cette bague lui convenait-elle parfaitement ?

Elle regarda la bague, essayant de comprendre ce que le professeur avait voulu dire, pendant que ce dernier se tournait vers le vendeur et lui indiquer les objets qu'il souhaitait acquérir.

Elle réagit quand elle l'entendit inclure la bague dans ses achats, mais avant qu'elle ait eu le temps d'ouvrir la bouche, il ajouta :

"Bien, j'imagine que je vais donc vous laisser, mademoiselle. Je vais continuer mes recherches. Sur ce."

Il fit un pas pour s'éloigner dans la foule.

-« Non ! » s'exclama Garance, par réflexe, avant même d'avoir eu le temps de réfléchir, et de se rappeler qu'elle s'adressait à l'un de ses professeurs.

Elle réaliser combien cette injonction pouvait paraître impolie, et se mordit la lèvre avec gêne avant d'ajouter en montrant sa main

- « Je ne peux pas accepter un tel présent de la part d'un quasi-inconnu ! »

Cyrine s'esclaffa dans son esprit :

- « T'as raison... la tournure de cette phrase est vachement plus polie ! »

"Je ne peux pas accepter un tel présent de la part d'un quasi-inconnu !"

Allons bon... Maintenant, elle me retenait pour une raison aussi futile ? Je ne fis même pas attention à la boutade de l'esprit de l'amulette envers sa camarade, mais je me retournai pour faire face à la jeune femme.

"Un tel présent ? Il s'agit tout simplement du matériel de cours que vous utiliserez au prochain cours, justement. Rien de plus. En tous les cas, pas pour moi."
Je soulevai le sac dans lequel les autres objets s'entrechoquèrent.
"Et les objets contenus dans ce sac sont pareils : dès qu'ils auront été attribués, les élèves les garderont. Pour moi, cette bague et ces objets n'ont rien de différent."

Laissant le bras tenant le sac pendre à nouveau, je poursuivis :
"Et si jamais vous vous inquiétez de l'argent que j'ai dépensé, ne le soyez pas : il s'agit des fonds de l'Académie. Et l'Académie a des fonds illimités. Soyez rassurée, vous pouvez dormir l'esprit tranquille sans vous soucier d'une quelconque signification cachée derrière ce présent, comme vous l'appelez."

Vraiment, tous des objets sans valeur, à mes yeux...