Règlement de comptes [PV Garance Elevann][Terminé]

Le combat avec le directeur Oldross s'était terminé, sans surprise, sur ma victoire. Toutefois, je pense avoir eu mon lot de surprises en apprenant que cet homme n'était pas juste un simple être humain, mais un semi-ange. Je ne pensais sérieusement pas que sa puissance pouvait atteindre un tel niveau... niveau qui m'a obligé à libérer mon pouvoir.

Je ne pense pas vraiment que quelqu'un ait pu faire le rapprochement entre ma puissance et mon appartenance au groupe des Lieutenants des Enfers. Après tout, j'étais à un niveau bien au-delà de ce que les terrestres pouvaient comprendre, et même le directeur Oldross n'a pas fait le rapprochement. Je pense donc avoir la paix pour les jours à venir, maintenant.

Ouvrant la porte de mon bureau, je m'installai derrière, me concentrant sur ma magie et prenant un soin particulier à recréer le sceau qui dissimulait mon aura aux autres. Oh, bien sûr, à présent, il était inutile de me cacher, mais sceller ma magie me permettait d'éviter bien des désagréments, comme sentir la moindre utilisation de la magie au sein de la cité-état. Et vous n'imaginez pas à quel point la magie est omniprésente en ces lieux.

C'est en terminant par un soupir que j'achevai mon sceau, me faisant redevenir par la même occasion un simple professeur à l'académie de Magie, plutôt qu'un Lieutenant des Enfers.

Puis je repensai à comment s'était déroulé le combat, satisfait de constater que je n'étais pas vraiment rouillé malgré toutes ces années.

Invité

Pour la première fois de sa vie, Garance décida d'enfreindre volontairement un règlement. Bon, un règlement tacite, mais il lui semblait quand même que s'introduire dans le bureau d'un professeur sans y avoir été invitée, ou sans avoir sollicité l'autorisation ne devait pas être très bien vu.

Mais, elle s'en fichait.

Le choc d'avoir découvert que celui qu'elle appelait « professeur Sévillon » était en fait Selephim avait été violent pour elle et l'avait laissée dans un état émotionnel épouvantable.

Elle ne savait plus que penser. Elle ne savait plus ce qu'elle ressentait. Le chagrin le disputait à la colère et à la joie.

Mais surtout, son cœur s'affolait à nouveau. Elle qui avait passé des mois à tenter de l'oublier s'apercevait qu'elle avait fait tout ça en vainc. Il avait suffi qu'il réapparaisse clandestinement dans sa vie pour rallumer ses sentiments.

Et surtout, elle se disait que le hasard lui donnait peut-être une occasion de se rattraper. Une chance de réparer ses erreurs du cimetière.

Elle avait beaucoup hésité avant de prendre sa décision. Mais, elle savait qu'elle serait incapable de se concentrer sur ses études, et encore moins d'arriver à suivre les cours de Selephim sans en avoir discuté avec lui.

Elle voulait aussi pouvoir lui parler discrètement, elle ne savait pas si quelqu'un d'autre qu'elle avait pu deviner qui était vraiment le professeur Sevillon et elle préférait rester discrète sur ses « relations » avec Selephim.

Une discussion dans le bureau du professeur lui avait paru la solution la plus adaptée. Et comme elle voulait pouvoir lui parler sans interférences, elle avait décidé de se séparer de l'orbe et de Cyrine.

Surtout de Cyrine, qui avait hurlé à lui vriller la tête qu'elle était inconsciente et qu'elle ferait mieux de continuer à essayer de l'oublier.

Arrivant devant la porte, elle frappa, par acquit de conscience. N'obtenant pas de réponse, elle tourna la poignée et ne fut pas vraiment surprise de la trouver ouverte. Elle doutait que Selephim garde des objets de valeur dans un bureau où il était susceptible de recevoir du public.

Elle se glissa dans la pièce et s'assit sur une chaise dans un renfoncement et attendit patiemment. Elle ne doutait plus de l'issue du combat, la seule inconnue était le temps que cela prendrait.

Assise dans le silence de son bureau, elle commença à douter du bien-fondé de sa démarche. Elle se rappelait de sa douleur lors de leur dernière rencontre dans le cimetière. Elle savait qu'elle l'avait blessé, même si elle ne savait toujours pas ce qui avait provoqué sa fureur contre elle. Tout ce qu'elle avait voulu, c'était retrouver celui qui avait créé la statue de glace pour elle, et qui avait fait danser des flocons de neige au printemps.

Tout ce qu'elle avait voulu, était lui montrer toute la tendresse qu'elle ressentait pour lui, elle n'avait pas compris pourquoi il l'avait si mal prit. Bien sûr, elle n'aurait pas dû lui reprocher de jouer avec ses sentiments quand il n'avait pas répondu à ses espoirs. Elle se le reprochait encore bien assez.

Soudain, un sentiment d'angoisse l'envahit. Pourquoi était-elle venue ? Pourquoi tenter le destin ? Il était probablement passé à autre chose. Que pouvait bien représenter une petite humaine aux yeux d'un démon ? Les choses seraient probablement pires après leur entretien. Après tout, s'il avait eu envie de la revoir, il le lui aurait fait savoir. Il allait probablement être contrarié qu'elle soit entrée dans son bureau sans y être invitée. Il allait probablement...

Elle sursauta en entendant la porte s'ouvrir. Il était trop tard maintenant pour reculer.

Elle s'attendait à ce qu'il l'interpelle dès qu'il aurait mis un pied dans la pièce, au lieu de ça, il se dirigea tranquillement vers son bureau et s'y installa. Il ne semblait pas l'avoir remarqué. Mais c'est vrai que sans la magie flamboyante de l'orbe ou celle, envahissante de Cyrine, elle devait être plutôt discrète.

Elle eut une hésitation, mais elle n'avait plus le choix maintenant. Elle ne pourrait pas quitter la pièce sans qu'il ne la remarque.

Prenant son courage à deux mains, elle se leva de sa chaise et s'avança dans la lumière, se mordant furieusement les joues et se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir dire.

Bien sûr, elle avait joué la scène des dizaines de fois dans sa tête, avec des réparties toutes aussi spirituelles les unes que les autres, mais là, il ne lui venait plus rien. Alors elle se contenta de dire, d'une voix plus tremblante que ce qu'elle aurait voulu.

-« Bien le bonjour, Selephim »

"Bien le bonjour, Selephim." fit une voix dans le coin de la pièce.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis Garance se lever d'une chaise posée négligemment dans un recoin ? En toute honnêteté, j'étais plus étonné de ne pas m'être rendu compte de sa présence au préalable plutôt que de la voir ici, mais je compris très vite pourquoi je ne l'avais point découverte plus tôt : elle ne portait sur elle ni l'amulette, ni l'Orbe. Sans ces deux objets à la puissance démesurée, la jeune femme était bien plus discrète qu'elle ne semblait le vouloir.

Enfin, la surprise passée, je n'étais en revanche pas étonné qu'elle m'appelle par mon véritable nom de démon. En effet, elle avait été présente dans les tribunes lors de mon combat, et nul doute que l'Orbe avait réagi à mon pouvoir lorsque j'avais levé le sceau qui me retenait. Il suffisait ensuite de connecter deux neurones pour faire le rapprochement entre moi et l'Orbe, entre Sevillion et Selephim.

À présent, il me fallait déterminer la raison de sa présence ici. Rares étaient les cas où elle voudrait venir sans l'Orbe ni son amulette, et l'un des cas en question devait être de me parler en privé, sans intervention de l'esprit assourdissant. Toutefois, je devais admettre ne pas vraiment voir pour quel sujet elle serait venue sans son amulette. Me réprimander sur mes cachotteries ? Cela était peu probable : si tel était le cas, elle ne se serait pas gênée pour avoir le soutien de son amulette.

Au final, rien ne valait une question posée à voix haute :
"Que me vaut donc cet honneur ?"

Invité

"Que me vaut donc cet honneur ?"

C'était une excellente question. Et elle devait bien admettre qu'elle ne savait pas trop quoi répondre.

Elle baissa les yeux. Au fond d'elle-même, elle savait bien pourquoi elle était venue. Elle était là, parce que malgré leur altercation, il lui avait manqué. Parce qu'elle avait l'impression de l'avoir blessé la dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés. Et qu'elle avait terriblement envie de se faire pardonner.

Mais elle savait aussi qu'ils avaient du mal à se comprendre. Alors, elle avait peur que ses mots ne soient mal interprétés et que la situation s'envenime encore.

Sans même s'en rendre compte, elle fit apparaitre trois flocons dans sa main et commença à jouer avec.

Elle se sentait ridicule d'avoir laissé son cœur s'emballer ainsi pour un démon. Elle savait qu'il trouvait que ses épanchements étaient une perte de temps.

Elle releva les yeux vers lui, observant son visage impassible à la recherche d'un signe, d'une indication de ce qu'elle devait dire, de comment elle devait le dire pour ne pas déclencher sa colère.

-« Je... » commença-t-elle.

Elle se mordilla la lèvre, hésitant encore un peu sur ce qu'elle allait dire.

Et puis, elle se lança. Après tout, qu'importe s'il la renvoyait, au moins, elle aurait eu l'occasion de dire ce qu'elle avait sur le cœur depuis des mois. Ce qui la rongeait.

-« Tu m'as manqué, Selephim. » dit-elle dans un souffle.

Elle prit une grande inspiration pour se donner le courage de continuer et pour assurer un peu sa voix avant de continuer.

-« Je... Je suis désolée pour ce que je t'ai dit dans le cimetière. Je... je me suis laissé emportée par... Par je ne sais quoi d'ailleurs. Si tu savais comme je m'en veux. »

Elle marqua une nouvelle pause. Elle hésitait à poser la question qui lui brûlait les lèvres de peur que la réponse ne lui brise définitivement le cœur. Mais, après tout, c'était pour ça qu'elle était venue.

-« Pourras-tu jamais me pardonner le mal que je t'ai fait ? »

"Tu m'as manqué, Selephim."

Tiens donc ? Elle était venue pour renouer des liens tranchés il y a longtemps de cela ? Voilà qui était curieux... Enfin, je suppose que les choses étaient différentes, à présent qu'elle se trouvait dans l'Académie de Magie, alors qu'elle m'avait autrefois repoussé car elle ne voulait rien savoir de la magie.

"Je... Je suis désolée pour ce que je t'ai dit dans le cimetière. Je... je me suis laissé emportée par... Par je ne sais quoi d'ailleurs. Si tu savais comme je m'en veux."

S'en vouloir ? Elle s'en voulait de ce qu'elle avait elle-même dit ? Elle-même ne comprenait pas pourquoi elle avait prononcé ces paroles qui m'avaient apporté la souffrance alors que je ressentais un autre sentiment qui pouvait s'apparenter à du bonheur ? Voilà bien la preuve que tout cela était d'un ridicule bien au-delà de toute logique que je pouvais concevoir... J'avais donc bel et bien eu raison de cesser d'essayer de la comprendre.

"Pourras-tu jamais me pardonner le mal que je t'ai fait ?"

Et maintenant, elle voulait se faire pardonner ? Eh bien, mieux vaut tard que jamais, comme disaient certains... Toutefois, elle avait bel et bien conscience qu'elle m'avait fait souffrir. Je ne sais pas si elle s'en est rendue compte sur le coup, ou si cette pensée s'est introduite dans son esprit bien plus tard, toutefois, il s'agissait d'une chose du passé. Je n'allais pas continuer de me faire souffrir volontairement pour ressasser une chose du passé.

"Pardonner ? Pourquoi le devrais-je ? Il s'agit d'un choix du passé. Un choix que tu as fait. Il n'y a rien à pardonner. Et puis, comme je l'ai dit alors que nous nous sommes croisés au marché : tu es à présent à l'Académie de Magie, pour apprendre ce que tu avais auparavant refusé. Ces peines ne sont plus d'actualité. Je ne vois pas où est le mal. Au contraire, cette fois-ci, accepterais-tu que je t'apprenne la magie ?"

Invité

"Pardonner ? Pourquoi le devrais-je ? Il s'agit d'un choix du passé. Un choix que tu as fait. Il n'y a rien à pardonner. Et puis, comme je l'ai dit alors que nous nous sommes croisés au marché : tu es à présent à l'Académie de Magie, pour apprendre ce que tu avais auparavant refusé. Ces peines ne sont plus d'actualité. Je ne vois pas où est le mal. Au contraire, cette fois-ci, accepterais-tu que je t'apprenne la magie ?"

Au fur et à mesure qu'il parlait, Garance releva vers lui des yeux pleins d'espoir. Avait-elle bien compris ? Ne se méprenait-elle pas sur le sens de ses paroles ? Était-il vraiment en train de lui dire qu'il lui pardonnait ?

Une immense vague de soulagement la submergea qui fit picoter ses yeux de larmes de joie qu'elle s'efforça de réprimer.

Elle savait qu'elle avait besoin de venir lui parler, mais elle avait tellement craint qu'il ne veille même pas l'entendre et qu'il la renvoie.

Ce n'était pas le cas et les mots qu'il lui avait offerts, elle n'aurait même jamais osé les rêver. Elle sentit un sourire étirer ses lèvres alors que son cœur bondissait dans sa poitrine.

Il lui offrait une occasion de se rattraper. Elle avait tellement rêvé d'avoir cette chance. Elle était bien décidée à ne pas la laisser passer.

Soudain, le souvenir de leur rencontre dans le quartier commerçant lui revint, et notamment ce qu'elle avait dit au « Professeur Sevillon » en jouant avec quelques flocons « Mais j'ai fini par y arriver. Pour lui. Même s'il ne le verra jamais, c'est lui qui me motive. Je voudrais tellement qu'il soit fier de moi. Je voudrais tellement avoir l'occasion de me racheter. »

Maintenant qu'elle savait à qui elle parlait vraiment ce jour-là, elle se sentait tellement bête, tellement ridicule de s'être ouverte à lui. Elle baissa la tête en se sentant rougir et se mordilla la lèvre avec gène.

Et puis, elle se dit que ce qui était fait, était fait, et que tout ce qui comptait à présent c'était qu'il était bien là, devant elle, qu'il lui avait pardonné et qu'il était même prêt à reprendre son enseignement. Qu'il lui offrait une deuxième chance.

Elle releva la tête et le regarda, un grand sourire radieux éclairant son visage, avant de dire.

-« Oui, Selephim. Je serais flattée que tu acceptes de m'apprendre la magie. »

"Oui, Selephim. Je serais flattée que tu acceptes de m'apprendre la magie."

Vraiment, quel revirement de situation... Le refus que j'avais essuyé il y a tant de temps, dans le cimetière, n'était désormais qu'un malheureux passé. La jeune femme avait changé d'avis, et c'était tant mieux.

Je ne voulais pas que la porteuse de l'Orbe d'Ether ne sache point se défendre, alors qu'il était devenu si important pour mon plan.

Oh, bien sûr, j'étais satisfait que Garance ait enfin accepté ma proposition de lui apprendre la magie. Je ne saurais pas moi-même dire pourquoi, mais j'étais content de ce résultat. Toutefois, l'Orbe et ce que je comptais en faire étaient devenus bien plus importants. Aussi mes sentiments étaient-ils profondément enfouis, enterrés si loin que je ne referais pas les mêmes erreurs du passé.

Après tout, n'avais-je pas décidé de redevenir le Démon du Froid pour éviter toute souffrance ? Jusqu'ici, avoir essayé de m'humaniser ne m'aura apporté que douleurs et déceptions. Je ne referais plus cette erreur. Démon je suis, et Démon je resterai.

"Bien. Dans ce cas, j'espère te voir au prochain cours, et que la soudaine révélation de mon identité ne te perturbera pas plus que cela."

Invité

"Bien. Dans ce cas, j'espère te voir au prochain cours, et que la soudaine révélation de mon identité ne te perturbera pas plus que cela."

Garance fut vaguement déçue. Elle avait espéré quelque chose de plus... personnalisé. Après tout, ses cours, elle les suivait déjà, et n'avait jamais vraiment eu l'intention d'interrompre ses études. Mais, finalement, que pouvait-elle espérer d'autre après avoir si brusquement repoussé sa précédente proposition.

Tentant de masquer la déception qu'elle ressentait derrière une dérisoire tentative d'humour, elle répondit en souriant :

-« Évidemment que tu m'y verras. Ne compte pas me débarrasser si facilement de moi... »

Voyant que sa répartie le laissait de marbre, elle reprit un air plus sérieux pour ajouter :

-« Quant à la révélation de ton identité, je dirais qu'au contraire de me perturber, elle me permettra de me concentrer à nouveau. C'était l'incertitude qui me perturbait. »

Il n'avait pas bougé. Il était toujours assis derrière son bureau, avec l'expression d'ennui qu'elle lui avait connu dans le cimetière. Et finalement, c'était bien la seule chose qu'elle reconnaissait dans sa nouvelle apparence.

Elle se sentit embarrassée, s'il n'avait pas semblé surpris outre mesure de la voir, il semblait à présent profondément ennuyé par sa présence.

Garance baissa les yeux, se balançant d'un pied sur l'autre avec gêne en se mordillant les joues. Il y avait encore une question qu'elle voulait lui poser. Même si elle pensait déjà connaître la réponse, elle voulait l'entendre de sa bouche.

-« Je... encore une question, et je... »

Elle avait voulu dire « Et je te laisserai tranquille », mais elle ne pouvait s'y résoudre. Cette rencontre arriverait à son terme bien assez vite. Malgré son accueil plutôt frais, elle avait envie de profiter de sa présence encore un peu.

Elle prit une grande inspiration avant de se lancer :

- « Pou... pourquoi tu m'as rien dit ? Si j'avais su qui tu étais, je ne me serais pas tant ridiculisée devant toi, ce jour-là, dans le quartier commerçant. Si c'est parce que tu ne voulais plus me voir, il aurait suffi de me le dire. J'aurais compris. »

Ses derniers mots furent prononcés dans un souffle. Évidemment qu'elle aurait compris, elle l'avait terriblement déçu et elle lui avait fait du mal, même si elle ne le réalisait que maintenant.

Elle le regarda avec un petit sourire, attendant la réponse qui mettrait fin à tous ses espoirs.

"Pou... pourquoi tu m'as rien dit ? Si j'avais su qui tu étais, je ne me serais pas tant ridiculisée devant toi, ce jour-là, dans le quartier commerçant. Si c'est parce que tu ne voulais plus me voir, il aurait suffi de me le dire. J'aurais compris."

Allons bon... Peu à peu, je commençais à comprendre comment fonctionnait cette femme : elle manquait cruellement de confiance en elle. Elle n'imposait aucun de ses choix, elle n'osait rien faire dès le moment où la possibilité de se blesser existait. Même si cette possibilité n'avait quasiment aucune chance d'arriver.

Dans son esprit, les choses étaient déformées, petit à petit, pour au final donner une compréhension des éléments se liguant contre sa propre personne. Tout ce qui était fait, elle le prenait contre elle. Tout événement qui se produisait était forcément quelque chose qui était fait à son intention, dans le but de la perturber, de la briser, ou que sais-je encore.

Ainsi, en comprenant cela, il était aisé de deviner pourquoi elle m'avait repoussée au cimetière. Le simple fait de vouloir lui enseigner mes secrets, le simple fait de vouloir lui enseigner la magie, et elle avait imaginé que je la prenais pour un rat de laboratoire.

Au final, peu importe ce que je disais, cela se retournerait contre elle-même. Puis contre moi. Et il n'y avait rien de plus décevant que des efforts gâchés juste à cause d'une mauvaise compréhension de l'autre, juste parce que l'esprit dérivait de lui-même bien loin de la réponse qui lui était pourtant offerte sous ses yeux.

Il fallait donc que je m'exprime clairement, et qu'à aucun moment je ne lui laisse la possibilité de détourner mes propos contre elle-même. Seulement voilà : avais-je seulement envie de faire cet effort ?

Et la réponse à cette question était non. Je n'avais plus envie de perdre mon temps avec des futilités. Si elle voulait mal prendre mes propos, alors ainsi soit-il. Qu'elle comprenne ce qu'elle souhaite. Je n'en avais désormais plus rien à faire. Si les choses se passaient bien, tant mieux. Si le choses dérivaient à nouveau, au moins, cette fois, je ne ressentirais rien.

"Si je n'avais réellement plus envie de te voir, je ne serais même pas assis là à te parler, Garance Elevann. Quant à la raison pour laquelle je dissimule mon identité, cela n'a absolument rien à voir avec toi."

Invité

"Si je n'avais réellement plus envie de te voir, je ne serais même pas assis là à te parler, Garance Elevann. Quant à la raison pour laquelle je dissimule mon identité, cela n'a absolument rien à voir avec toi."

Garance se mordit les lèvres. Évidemment qu'il n'avait pas dissimulé son identité à cause d'elle. Tout ce qu'elle s'était demandé, c'était pourquoi il n'avait pas profité de leur rencontre prés de l'étal du marchand pour lui faire comprendre qui il était. Mais finalement ça n'avait pas vraiment d'importance.

Quoi qu'il en soit, il venait également de sous-entendre qu'il avait eu envie de la revoir lui aussi. Et puis, avec l'orbe sur elle, il devait bien se douter qu'à un moment ou à un autre, elle finirait pas découvrir la vérité.

Cette fois le sourire qu'elle lui adressa était authentiquement joyeux et elle répondit d'un ton moqueur :

-« Oui, je me doute bien que tu ne t'es pas donné la peine de modifier ton apparence uniquement pour que je ne te reconnaisse pas, finalement ça n'aurait pas changé grand-chose que je découvre en entrant dans la classe que c'est toi qui animerait les cours. »

Elle se rappela soudain que leur entretien dans le quartier commerçant, c'était aussi terminé un peu abruptement également.

Reprenant son sérieux, elle ajouta avec un ton de regret :

-« C'est dommage que je n'aie pas su qui tu étais quand on s'est rencontrés dans le quartier commerçant. Je ne me serais pas montrée aussi cassante quand tu as voulu m'offrir l'objet de l'expérimentation de ton prochain cours. »

"C'est dommage que je n'aie pas su qui tu étais quand on s'est rencontrés dans le quartier commerçant. Je ne me serais pas montrée aussi cassante quand tu as voulu m'offrir l'objet de l'expérimentation de ton prochain cours."

Tiens donc ? Cela aurait donc changé les choses si je m'étais montré sous ma réelle apparence et sous mon vrai nom ? Voilà qui était curieux. Pourquoi aurait-elle accepté un "cadeau" de Selephim, mais pas un de Sevillion ? D'autant qu'il ne s'agissait même pas d'un cadeau, mais juste de quelque chose de pratique.

Gagner du temps pour le prochain cours, en somme. Qu'avait-elle donc été imaginer, encore une fois ? Que ce présent apportait un quelconque engagement ? Décidément, je n'allais pas chercher à comprendre cette jeune femme.

"Parce que cela aurait changé quelque chose ?" dis-je en précisant ma pensée à voix haute. "Il ne s'agissait que d'un objet de cours, il n'y avait pas la moindre signification particulière derrière. Un simple gain de temps pour mon prochain cours. Si tu avais aimé la bague, alors cela aurait mieux marché, puisque qu'une compatibilité est primordiale entre l'objet et celui qui va y implanter de la magie."

Invité

"Parce que cela aurait changé quelque chose ?" Demanda-t-il, semblant véritablement surpris. "Il ne s'agissait que d'un objet de cours, il n'y avait pas la moindre signification particulière derrière. Un simple gain de temps pour mon prochain cours. Si tu avais aimé la bague, alors cela aurait mieux marché, puisque qu'une compatibilité est primordiale entre l'objet et celui qui va y implanter de la magie."

Garance ne put s'empêcher de sourire. Elle eut la tentation d'essayer de lui expliquer pourquoi elle avait réagi ainsi face à Sévillon, alors qu'elle aurait réagi autrement avec Selephim. Mais, elle savait que, quoi qu'elle dise, il ne comprendrait pas son point de vue et que la conversation risquait alors de prendre un tour désagréable.

Elle se contenta donc de hausser les épaules avant de répondre :

-« Je sais que cet objet ne représentait rien d'autre qu'un support pour un cours. Disons juste que sur le moment, l'accepter m'a paru... Déplacé, probablement à cause de l'éducation que j'ai reçue. ».

Soudain, elle réalisa qu'il avait dit « Si tu avais aimé la bague... » Et elle douta de jamais revoir l'objet en questions. Dommage. Elle était jolie cette babiole.

Avec un petit sourire en coin, elle reprit :

-« Vu comment tu parles de cet objet, j'imagine qu'il faudra que je m'en trouve un autre pour le cours ? »

"Vu comment tu parles de cet objet, j'imagine qu'il faudra que je m'en trouve un autre pour le cours ?"

Ah... Si je lui disais la vérité, que j'avais détruit la bague au moment où elle avait provoqué ma colère, je n'allais encore une fois que provoquer des émotions instables et imprévisibles chez elle... Ce que je voulais éviter, pour une fois que les choses se déroulaient logiquement et sans encombres.

Pourtant, hors de question de garder le silence : cela n'en paraîtrait que plus suspicieux encore. Il allait donc falloir que je dise un mensonge pour éviter tout ennui que je n'avais plus la patience d'essayer de résoudre.

"En effet, j'ai reposé la bague sur l'étal. J'avais jugé qu'il était inutile de la prendre puisque tu n'en voulais point. Une erreur de ma part, je suppose. Enfin, ce ne sont pas les objets pour le cours qui manqueront, rassure-toi."

L'un des avantages de mon visage absolument inexpressif et que je pouvais raconter tout ce que je voulais, vérité comme mensonge, sans que cela ne vienne perturber mon discours ou susciter des doutes chez mon interlocuteur.

Invité

"En effet, j'ai reposé la bague sur l'étal. J'avais jugé qu'il était inutile de la prendre puisque tu n'en voulais point. Une erreur de ma part, je suppose. Enfin, ce ne sont pas les objets pour le cours qui manqueront, rassure-toi."

Garance fut vaguement déçue, mais, finalement, cet objet n'avait pas vraiment d'importance.

Elle était tellement heureuse d'avoir pu revoir Selephim, s'excuser de son comportement et que leurs relations s'apaisent, même si elle doutait qu'elles ne redeviennent jamais comme avant, que tout le reste lui paraissait futile.

Elle aurait voulu faire durer encore un peu la rencontre, mais elle sentait aussi qu'elle avait fait le tour de la question et ne voyait pas trop comment relancer la conversation.

D'autant que Selephim n'avait pas bougé de son bureau, et ne paraissait pas disposé à le faire.

Il lui avait peut-être dit lui avoir pardonné ce qui s'était passé dans le cimetière, mais elle se rendait bien compte qu'elle avait brisé le fragile lien qui commençait à se tisser entre eux. Ce n'était sûrement pas demain la veille qu'ils revivraient un moment d'intimité et de confiance comme celui qu'ils avaient connu lors de leur première rencontre.

Se mordillant les joues, elle lui dit :

-« Ça n'a pas vraiment d'importance. Ce n'était qu'un joli colifichet. » Elle soupira profondément avant d'ajouter avec un petit sourire triste « Et bien, je pense qu'il vaut mieux que je te laisse à présent. Je vous reverrais en cours, Monsieur Sevillon. »

Elle inclina la tête dans un salut, et commença à se diriger vers la porte.

"Et bien, je pense qu'il vaut mieux que je te laisse à présent. Je vous reverrais en cours, Monsieur Sevillon."

Ainsi donc, nous en arrivions à la fin de cette conversation. Et sans doute avec des relations sensiblement meilleures que lorsque nous nous étions quittés, il y a quelques mois de cela, au cimetière de Myth.

Il n'y avait plus qu'à espérer que désormais, les choses se passeraient mieux à l'avenir, et qu'ainsi la porteuse de l'Orbe d'Ether ne s'attire pas plus d'ennuis qu'elle n'en avait à l'heure actuelle... Mais cela, je n'y pouvais rien.

Alors que l'humaine ouvrait la porte pour quitter mon bureau, je lui fis grâce de dernières paroles :
"Je vous reverrais également en cours, mademoiselle Garance Elevann. Je compte sur vous et vos talents cachés pour me surprendre à l'avenir."

Puis elle referma la porte sur un sourire.

» Neige d'Été [PV Garance Elevann] [Terminé]
» Les profits de la recherche [PV Zul'khar / Garance Elevann] [Terminé]
» L'étudiante [Solo Garance Elevann]
» Il faut bien se détendre...[PV Garance Elevann][Terminé]
» Les bons comptes font les bons amis [PV Garret] [Terminé]