Fantômes et Inu [PV Maïwen Murasaki][Terminé]

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

Les soeurs avaient décidé, en cette balle matinée d'été, de partir se recueillir dans la forêt. En effet, les lieux végétaux avaient un rapport étroit avec leur ancien culte, et elles s'y arrêtaient souvent pour y méditer et repenser à leurs ancêtres. Ces derniers ne possédaient pas de tombe, et c'est donc en priant au ciel dégagé de la petite clairière qu'elles se recueillaient.

Ces moments étaient les rares où les deux soeurs se trouvaient en communion : Rose ne faisait pas d'extravagances, tandis qu'Amaryllis voletait autour dans un silence religieux.

Le calme régnait dans la petite clairière, le vent soufflant dans les arbres faisant bruisser les feuilles. La lumière du soleil matinal filtrait aux travers des branches, et les rayons éclairaient sans mal la petite clairière.

Mais un bruit entre les feuillages se fit entendre, et dans leur état de plénitude, les soeurs furent immédiatement aux aguets. Rose, qui à ce moment possédait le corps, porta discrètement la main gauche à l'un de ses katana, tandis qu'Amaryllis avait cessé de bouger, préparant un sort pour perturber l'intrus si la chose se faisait ressentir.

Il n'y avait qu'à espérer que les choses se passeraient sans accrocs...

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

Comme tous les matins a mon éveil, je me retrouvai confronté a l'un de mes pires ennemis. La faim qui me torturait depuis quelques lunes déjà se faisait sentir, toujours plus vorace que le jour précédent. Ne m'approchant pas des villes et ne désirant aucun contact avec les humains, je cherchais ma pitance parmi les végétaux. Mon esprit nomade me forçait à m'enfoncer toujours plus dans la forêt a la recherche de quoi me nourrir.

Il y eut un temps où j'ai essayé de me raisonner, de m'approcher d'un village ou d'une caravane marchande pour demander un bout de pain. Mes espoirs de trouver quelqu'un au bon cœur se sont envolé en même temps que la confiance que j'ai déjà accordée trop souvent aux hommes corrompus. M'étant réveillé le ventre creux, je décidai de suivre les emprunte fraîche d'une biche qui avait passé par là un peu plus tôt. Je déteste faire couler le sang, mais je ne pouvais plus retenir mon instinct qui me criait de poursuivre ce mammifère qui m'offrirait le repas que je convoitais tant. Ni tenant plus, je m'élançai à la poursuite de la biche qui broutait non loin de là. Je m'approchai à pas de loup de ma proie, révélant mon katana luisant sous les rayons du soleil. Malgré toute la prudence d'on je faisais preuve, une branche plus près que prévu se cassa sous mon poids. Alerté par le bruit, le cervidé s'éloigna au galop sans demander son reste. Je regardai mon repas s'éloigner sachant bien que je n'arriverais pas à le rattraper. Mes oreilles se rabattirent sur ma tête, attrister par cet échec qui me coûta quelques jours de nourriture.

Mon estomac me ramena sur terre et je continuai de marcher sans direction a la recherche de quoi à me mettre sous la dent. Je trouvai finalement un petit bosquet rempli de baie sauvage que je savais comestible. Un heureux sentiment d'espoir m'arracha un sourire et je pus enfin me rassasier de ces fruits délicieusement juteux. Après en avoir dévoré l'intégralité, je pris enfin conscience de l'endroit où j'étais. La lisière verdoyante d'une clairière paisible illuminée par les rayons du soleil matinal. Lors de mon inspection des lieux, mon regard se posa sur une silhouette au loin. Ma vision perçante me permit de distinguer une jeune fille qui regardait dans ma direction. Me rendant compte qu'elle avait probablement été alertée par le bruit que j'avais causé, je me figeai en maudissant ma négligence. Je ne voulais pour rien au monde déclencher un combat et je ne voulais pas non plus me faire prendre en chasse par cette fille au pouvoir inconnu. Je me résignai donc à avoir un premier contact depuis des années maintenant avec cette jeune dame qui me semblait si différente des autres humains que j'avais côtoyé.

Je m'approchai aussi méfiante que curieuse gardant mon masque de glace pour cacher tous les sentiments qui se succédaient dans mon cœur. Cette enfant m'intrigua. Je sentais quelque chose de différent chez elle qui me disait de ne pas la craindre. Je m'avançai lentement de l'inconnue essayant de lui montrer que je n'avais aucune intention hostile, les oreilles bien droites à l'affût de tous les bruits qui nous entouraient. Plus je me rapprochais plus je doutais que j'eusse pris la bonne décision jusqu'à ce que mon regard ce pose sur sa main prête a sortir son katana. Je m'arrêtai aussi tôt, dans le doute. J'étais nettement plus grande qu'elle, mais malgré sa petitesse, elle semblait avoir vécu beaucoup plus de choses que moi. Encore a bonne distance de la jeune fille, je me mis à genoux pour lui signifier que je n'avais aucune intention de me battre. Ne sachant pas comment me comporter devant elle, ces la première chose qui m'est passée par la tête. J'attendis patiemment qu'elle me dicte ses intentions.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

La jeune fille avait choisi la méthode pacifique pour s'approcher. Tant mieux.

Alors que Rose se détendit, continuant de méditer, Amaryllis vient voleter près de l'inconnue. Son aura dégageait une présence différente de celle d'un humain. Et en effet, après un bref examen de sa part, l'esprit découvrit des traits physiques qui ne laissaient aucune place au doute : des oreilles, ainsi qu'une queue de chien.

Ainsi donc, les jumelles étaient tombées sur une Inu. Ou plutôt, il aurait été plus juste de dire que l'Inu était tombée sur elles.

L'esprit, continuant de voleter autour de l'Inu, éleva une voix chuchottante :
"Je te prie de bien vouloir attendre la fin de notre méditation... Nous aurons le loisir de discuter après, si tu le sens ainsi."

L'esprit voleta à nouveau près du corps de sa soeur, jusqu'à ce que cette dernière se relève, après une petite minute supplémentaire dans le calme.
"Que vient donc faire une Inu dans les parages ?" demanda Rose avec un manque de tact affligeant.

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

Voyant un petit nuage brumeux se rapprocher de moi, je me surpris à ne pas bouger. En temps normal, je me serais éloigné ou aurais gronder contre cette masse vaporeuse d'on je ne connaissais rien. Pourtant, une onde bien vaillante s'en dégageait et lors de son approche, je sentis une vague de chaleur m'envahir faisant peux a peut faire fondre la glace recouvrant mon cœur. Je me sentais bien près du nuage qui semblait parfaitement en harmonie avec ce qui l'entourait.

C'est alors qu'une voix sereine parvint à mes oreilles :
"Je te prie de bien vouloir attendre la fin de notre méditation... Nous aurons le loisir de discuter après, si tu le sens ainsi."

Surprise par les paroles de cette boule immatérielle, je ne pus m'empêcher d'avoir un petit sentiment de recul. Certes, elle ne semblait guerre menaçante peut être même amicale, mais je ne pouvais pas négliger mon passé ni mes expériences d'enfant insouciante. Un peu plus tendu qu'au paravent, je restai silencieuse attendant la fin de leur méditation. J'inspectai alors plus en détail la jeune fille qui se tenait devant moi. Son teint d'albâtre et sa petite stature la présentais comme une fillette fragile et sans défenses. Ayant appris a ne pas me fier aux apparences, je vis plus tôt une jeune fille qui n'hésitait pas à foncer peut être même un peu insouciante...

Une voix beaucoup plus rude que celle du nuage me tira hors de mes pensées :
"Que vient donc faire une Inu dans les parages ?"

Je ne m'indignai pas de son ton froid puisque je ne savais moi-même plus très bien comment prendre le contact avec les autres. Je répondis alors tout simplement à sa question sans vraiment plus de tact qu'elle :
''Je n'appartiens plus à ce peuple. J'ai quitté mon village depuis quelques années déjà et la seule chose qui me rallie encore à eux, ce sont mes traits physiques.''
À ces mots, mes oreilles se rabattirent sur ma tête envahie par des souvenirs que je croyais morts et enterrés. Me rendant compte de ma faiblesse, j'essayai de reprendre mon masque que j'ai négligemment laissé tomber, mais le mal était déjà fait. Une larme roula doucement sur ma joue pour s'éteindre silencieusement sur le sol de la clairière.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

"Je n'appartiens plus à ce peuple. J'ai quitté mon village depuis quelques années déjà et la seule chose qui me rallie encore à eux, ce sont mes traits physiques."

La larme qui perla au coin de son oeil fit saillir une veine sur le front de Rose.
"Eh bien retournes-y !" dit-elle avec colère. "Toi, au moins, tu as la possibilité de retourner auprès des tiens !"
"Rose, calme !" fit l'esprit d'Amaryllis en voletant autour du corps de sa soeur. "Nous ne connaissons pas ses circonstances. Plutôt que de sauter aux conclusions, il faut d'abord te renseigner !"
"Tch..."

L'esprit voleta de nouveau jusqu'à l'Inu, parlant de nouveaux avec une voix que se voulait rassurante :
"Je te prie de bien vouloir excuser ma soeur. Le fait est que les nôtres sont morts il y a de cela très longtemps, et que nous sommes les seules... hmm... "survivantes" de notre clan. Rose ne pensait pas à mal en disant cela."

Après un court silence, l'esprit reprit :
"Oh, laisse-moi donc nous présenter : je m'appelle Amaryllis, et la jeune fille occupant actuellement le corps est Rose, ma soeur jumelle. Et toi donc ?"

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

Comme je l'avais supposer au paravent, la jeune fille qui se dressait devant moi avais réellement un caractère bouillant. Un peu comme un volcan près à faire irruption à tout moment. Malgré ses paroles affligeantes, je ne me vexai pas pour si peu. Le nuage la réprimanda même et s'en fut presque drôle. Elles se disaient jumelles, mais je n'arrivais pas à comprendre puisque l'une était humaine et l'autre...

N'étant pas très familière avec la magie, la dernière phrase d'Amaryllis m'a fait tiquer :
''La jeune fille occupant actuellement le corps''
Comment cela était-il possible ? Elles ont un corps partager ? Complètement perdue dans mes pensées et devant le silence absolu qui régnait dans la clairière, la dénommée Rose commença sérieusement à s'impatienter.

Ne voulant pas attiser sa colère, je répondis calmement à sa sœur sur mon ton habituelle :
''Je me nomme Maïwen Murasaki''
Sans plus de formalités, je me relevai souplement.

''Je suis désolée pour ce qui vous est arrivé, mais je ne peux tout simplement pas retourner dans mon village'' dis-je a Rose qui ne semblait pas du tout satisfaite de ma réponse. Je ne voulais pas trop en révéler sur ma personne puisque je ne fais pas confiance au premier venu. Amaryllis me semblais plus réfléchie que sa sœur, mais celle-ci pourrait tout aussi bien vouloir ma tête si elle apprenait que j'ai assassiné ma mère...

Ne souhaitant pas que la conversation se termine, je leur relançai leur propre question :
''Et vous, que faite vous dans cette clairière a une heure si matinale ?''

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

"Et vous, que faite vous dans cette clairière a une heure si matinale ?"

"Nous nous recueillons sur les défunts de notre ancien clan." expliqua Amaryllis. "Certains n'ont pas encore trouvé le repos... malgré tout ce que nous avons fait..."
"Ca veut juste dire qu'il reste encore des survivants de cette époque." cracha Rose.
"Impossible, cela fait plus se 600 ans. Comment voudrais-tu qu'il y ait encore des survivants après tout ce temps ?"
"Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Leur descendance, peut-être ? Notre clan a tellement la rage qu'ils en veulent aux enfants de nos aggresseurs ?"
"Aucun d'entre eux n'en voudrait à un enfant innocent, et tu le sais très bien."
"Alors l'un de nos aggresseurs est en fait un immortel ?"

Si Amaryllis songea à répliquer, elle n'en fit rien, le silence revenant dans la clairière. Sa soeur pouvait avoir raison. Après tout, en peu de temps, les jumelles avaient eu l'occasion de croiser deux vampires... Alors pourquoi des êtres immortels n'existeraient-ils pas ? Pourquoi est-ce que l'un d'entre eux ne serait pas derrière ce massacre de leur clan ?

Rose finit par briser ce silence en se tournant de nouveau vers la jeune fille :
"Et donc, tu n'as toujours pas répondu à notre question : que viens-tu faire ici ?"

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

Surprise par la déclaration d'Amaryllis, je repassai en revue toutes mes connaissances sur les autres races. Ce ne fut pas bien long vu mon ignorance totale sur le sujet. J'avais entendu parler des démons et des anges sans plus. J'étais totalement déconcertée. Comment une si jeune fille, en apparence du moins, pouvait avoir 600 ans ! J'étais complètement déboussolée. Les jumelles parlaient de clans d'agresseur et de revanche puis d'immortels...

Je ne comprends pas. Je ne comprends pas leur attachement envers leur clan ou même le besoin de se venger. Le meurtre que j'ai moi-même commis n'était pas associé à ce besoin humain. Je l'avais fait pour me libérer et je l'avais tuée ''proprement'', sans lui rendre les souffrances qu'elle m'avait infligées.

Les paroles de Rose à mon intention me ramenèrent dans la clairière ensoleillée. Des montagnes de questions me brûlaient les lèvres. Pourtant, ma prudence étant plus présente que ma curiosité, je lui répondis brièvement :
''Comme je l'ai mentionné plus tôt, n'ayant pas de maison à proprement parler, je me trouve où mes pas me mènent. Il n'y a aucune raison de ma présence ici, outre le fait que j'y ai trouvé de la nourriture.''

Je pris une courte pause avant de leur poser une question à mon tour :
''Excusez mon ignorance, mais je n'avais jamais entendu parler d'être capable de vivre si longtemps en gardant une apparence si jeune. Je ne comprends pas non plus comment deux personnes peuvent vivre dans un seul et unique corps...''
Sur ces mots, je prêtai une oreille attentive aux paroles des jumelles.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

"Excusez mon ignorance, mais je n'avais jamais entendu parler d'être capable de vivre si longtemps en gardant une apparence si jeune. Je ne comprends pas non plus comment deux personnes peuvent vivre dans un seul et unique corps..."

"Hmm... "Vivre" est un bien grand mot, je dirais..." nota Amaryllis. "Nous ne sommes pas vivantes à proprement parler, nous n'avons juste pas cessé d'exister sur cette Terre."
"Oui, on est des fantômes, quoi." lâcha Rose avec un haussement d'épaules.
"Nous ne savons pas tout nous-mêmes, en fait... Notre clan a été massacré à cause de la guerre par des hommes... non... des bêtes sanguinaires. Rose et moi-même avons prié pour notre survie, mais nous sommes tout de même tombées sous les coups de nos aggresseurs. Lorsque que nous avons repris connaissance, nous étions toutes les deux sous cette forme que je possède à présent, et un corps avait été déposé juste là, pour nous, attendant d'être habité."

Amaryllis marqua une pause dans son récit avant de reprendre :
"Je ne saurais dire d'où vient le corps, ou pourquoi le corps en question nous permet encore de continuer d'exister, mais notre voeu a été réalisé ce jour. Du moins, nous avons souhaité que personne ne souffre comme nous souffrons encore à présent, et nous voyageons et nous battons pour donner forme à ce souhait."
"Bref, on est des fantômes. Des gentilles fantômes qui prêchent la paix en trucidant ceux qui veulent la guerre." résuma Rose.
"Dit comme ça..." soupira Amaryllis.

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

Des fantômes ? Des gentils fantômes ? À noter qu'il devait donc y en avoir des mauvais. Elles avaient souhaité que plus personnes ne souffre en tuant ceux qui veulent la guerre non ? Elles me rendirent encore plus confuse. L'amour. Ce sentiment si simple et pourtant si inatteignable les poussait-elles à tué en son nom ? Au nom de cet amour éphémère, elles avaient donc abandonné leur humanité ? Je ne pouvais comprendre ces êtres qui me devenaient de plus en plus étrangers.

La chaleur qu'Amaryllis m'avait procurée un peu plus tôt me quittait peu à peu. Leurs égocentrismes me crevaient le cœur. Comment pouvait-elle ne serait-ce qu'imaginée faire la paix en assassinant leurs opposants ? Il faut combattre la peur avec du courage et le froid meurtrier avec les flammes de la renaissance. Ces comme ça que je voyais le monde. J'ai éradiqué mes propres peurs avec le courage, sans ça, je ne serais pas là aujourd'hui. Je me refermai alors comme une huitre aux jumelles. Je me convainquis que leurs paroles se voulaient rassurante et qu'elles n'avaient que répondu à ma question. Je maudis ma curiosité qui venait de mettre un air de méfiance sur mon visage.

Pour moi, la conversation était terminée. Elles m'avaient exposé leur passé et attendaient surement que j'en fasse autant. Je ne pouvais pas me permettre d'en glisser mot, ne voulant pas créé une bataille perdue d'avance. Ne voulant pas susciter les soupçons, je gardai tant bien que mal mon apparence calme.
''J'espère que vous réussirez votre quête sans faire trop de victimes... ''

Mes efforts précédents s'écroulaient sous mes yeux. J'étais désormais impuissante devant le silence de la clairière. Je venais de faire une erreur. Le ''sans faire trop de victimes'' m'a littéralement glissé des lèvres. J'étais sensé dire ''j'espère que vous réussirez votre quête et retournerez près des vôtres'', mais ces paroles ne ce sont pas rendues comme prévu. Je venais peut-être de signer mon arrêt de mort. Instinctivement, je rapprochai ma main de mon katana pour faire face à Rose. Si son caractère bouillant et impulsif pouvait en surprendre plus d'un, je me préparai à une éventuelle éruption de rage de ça pars. Je venais de contredire leurs idéale et par le fait même critiquer leurs sens de la justice. Inconsciemment, une petite partie de moi me félicitait d'avoir fait preuve de franchise alors que l'autre me criait que je venais de faire un énorme faux pas.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

"J'espère que vous réussirez votre quête sans faire trop de victimes..."

Suite à cette phrase, la jeune Inusembla se replier sur elle-même, comme regrettant ses propres paroles. Elle porta la main à son katana, mais aucune animosité ne se dégageait d'elle.

Bien entendu, à ce geste, Rose réagit au quart de tour en portant la main à son propre katana. Toutefois, Amaryllis interrompit leur fil de pensée en prenant une nouvelle fois la paroles d'une voix sereine :
"Je l'espère sincèrement aussi, Maïwen Murasaki. Mais il faut parfois faire des sacrifices : prendre une vie peut en sauver des milliers. Et je n'hésiterai pas une seconde à prendre cette vie si l'occasion se présente."

La tension sembla baisser un peu, mais elle restait bien présente alors que les deux filles se faisaient face, leur katana toujours prêts à être dégainés.

Amaryllis poussa un soupir audible malgré l'absence de poumons.
"Pas la peine d'être aussi méfiantes..."
Elle vola jusqu'à Maïwen avant de tourner autour paisiblement.
"Et toi donc ? N'as-tu pas une histoire à nous raconter ? Maintenant que nous sommes ici..."

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

Suite a son intervention, j'éloignai doucement ma main de mon katana, invitant Rose à en faire autant. Je remerciai silencieusement Amaryllis qui avait réparé l'erreur que je venais de commettre. Pourtant, elle essayait de me retirer des informations que je n'étais pas encore tout à fait prête à lui donner.

Je voulais échapper à ce questionnaire qui aurait tôt fait de me causer des ennuis. Si elles croyaient que j'étais un danger public, je suis persuadé que je ne ferai pas long feu...
''Rien qui pourrais vous être utile'' soufflais-je presque inaudiblement.

En évitant leur question de la sorte, je savais très bien que j'en devenais de plus en plus suspecte, mais je n'arrivais tout simplement pas à me raisonner. Je ne considérais pas ma réponse comme un mensonge, mais plus une semi-vérité. J'avais presque peur qu'elles remarquent mes cicatrices à travers mes vêtements, ce qui était tout à fait impossible. Voulant à tout prix changer de sujet, je lançai la première question qui me passa par la tête :
''Avez-vous des instruments de musique sur vous ?''

Idiote ! Bien sur qu'elles n'en ont pas ! Elles n'ont même pas de sac pour transporter un éventuel instrument ! Voyant bien que ma question était complètement stupide, mes joues prirent une teinte légèrement rouge de honte. Mes oreilles se rabattirent sur ma tête devant ma question absolument illogique. Maintenant, je passai pour une sotte et j'anticipai déjà la réponse de Rose :
° Où crois-tu que nous aurions mis une flute ? Dans nos bottes ? °

Je me sentais tellement stupide que je n'arrivais pas à reprendre contenance. Mes joues devenaient de plus en plus rouges alors que mes pensées divaguaient au large. Je détestais me faire passer pour une gamine, mais que pouvais-je faire à part m'enfoncer encore plus creux ? Je restai silencieuse, les joues maintenant de la couleur du feu, attendant la réponse moqueuse de mes interlocutrices.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

"Avez-vous des instruments de musique sur vous ?"

À cette question aussi incongrue qu'innatendue, Rose eut un sourire en coin, tandis qu'Amaryllis dut retenir un soupir. Il était devenu facile de lire en la jeune Inu. Elle cachait quelque chose, cela était l'évidence même. Et si Amaryllis était curieuse de savoir ce qu'elle pouvait bien cacher, elle n'était pas non plus curieuse au point d'en être impolie. Quant à Rose, elle n'avait bien entendu que faire du passé de cette Inu. Cependant, cette question avait ramené aux jumelles des souvenirs forts lointains.

"Oui, nous avons des instruments de musique sur nous." répondit Amaryllis.
En voyant le visage interloqué de l'Inu, Rose éclata de rire.
"En fait, nous ne nous séparons jamais de notre instrument de musique !" s'exclama-t-elle.
"Rose ?"
"Hmm, compris soeurette."

Rose prit une inspiration, Amaryllis à ses côtés. Puis les voix des deux soeurs se mélèrent, donnant un ton cristallin et pur, qui résonna dans l'ensemble de la clairière, le vent bruissant dans les feuilles les accompagnant.

"Tel le vent soufflant dans les plaines
Tel le sang coulant dans nos veines
Nous marchons la où nos pas nous mènent
Dans les terres emplies de nos peines.

Cherchant les barbares qui ont tué nos gens
Notre but : faire couler leur sang
La lame au côté et la langue acérée
Pour asséner cette vengeance méritée.

Des lieues parcourues pour notre quête
Mais aucun repos pour nos ancêtres
Car cette quête n'est point terminée
Le mal n'a point été achevé.

Aujourd'hui, nous pleurons les morts
Réunies dans ce lieu où silence est d'or
Les mains tendues vers le ciel bleu
Leur paisible repos étant notre voeu."

Le vent se tut en même temps que les soeurs, comme si la nature avait été à leurs côtés pendant leur chanson.
"Notre instrument, c'est notre voix." déclara Amaryllis alors que Rose était souriante à ses côtés.

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

J'étais époustouflée par la magnifique chanson que les deux sœurs venaient d'interpréter. Je les gratifiais d'un sourire sincère avant de me résoudre à dévoiler ce que je savais. La musique sous toutes ses formes me faisait chaud au cœur et brisait le masque de glace que je portais. Je leur lançais un regard leur disant que j'étais fin prête à répondre à leurs questions. Le cœur léger devant les visages sereins des deux jeunes filles, je laissais le silence de nos regards leur donner toute la reconnaissance dont j'étais capable. Leur chant mélodieux m'avait ramené en enfance lorsque je chantais avec ma mère et que père avait le rôle du spectateur ébloui. Tant de beaux souvenirs me revinrent en mémoire.

Après une petite escapade dans mes souvenirs, je m'assis par terre invitant les jumelles à en faire autant. Reprenant mon air sérieux, je leur fis comprendre que mon histoire n'était pas remplie de joie de paix et de pâquerettes.
''Si vous voulez vraiment connaitre mon passé, et bien soit. Cependant, Rose, je te demanderais d'écouter mon récit jusqu'à la fin avant de tenter quoi que ce soit. C'est ma seule condition.''

En disant ça, je savais très bien que j'en devenais de plus en plus suspicieuse. À présent, cela m'était égal. Je leur donnais ma confiance et je suis persuadée qu'elles en feront bon usage.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

"Si vous voulez vraiment connaitre mon passé, et bien soit. Cependant, Rose, je te demanderais d'écouter mon récit jusqu'à la fin avant de tenter quoi que ce soit. C'est ma seule condition."

"Hey ! Comme si j'étais du genre à interrompre les autres !" s'offusqua Rose.
Seul un lourd silence lui répondit.
"Oui, bon, d'accord, c'est peut-être mon genre... Mais je vais pas faire ça ici !" s'écria-t-elle en s'asseyant en tailleur sur le sol, en face de son interlocutrice.
"Nous t'écoutons, jeune fille." engagea gentiment Amaryllis. "Raconte-nous donc ton histoire qui semble tant te faire souffrir."

À ce stade, Amaryllis se demandait vraiment quel avait pu être le passé de la jeune Inu pour qu'elle se répugne ainsi à en parler. Sans même compter le fait qu'elle avait prévenu Rose vouloir finir son histoire sans être interrompue. Avait-elle vraiment fait quelque chose dans son passé qui mériterait le courroux de sa soeur ? Ou bien Maïwen était-elle juste trop craintive, le souvenir étant encore trop frais dans sa mémoire ? Peut-être craignait-elle en effet avoir commis quelque chose d'immensément grave de par la récence de ces événements...

Enfin, spéculer maintenant ne lui servait à rien, il fallait d'abord écouter l'histoire de Maïwen avec attention. Et c'est donc avec une oreille attentive que les jumelles attendaient le récit de la jeune Inu.

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

''Hey ! Comme si j'étais du genre à interrompre les autres !"
S'indigna Rose après ma demande.
Un léger haussement de sourcil en signe de suspiçion se révéla sur mon visage.°je suis persuadée qu'Amaryllis en aurait fait autant°

"Oui, bon, d'accord, c'est peut-être mon genre... Mais je ne vais pas faire ça ici !"
Je retins un petit rire qui aurait tôt fait d'irriter la jeune fille. J'étais heureuse qu'elle acquiesce à ma demande si facilement, mais, en même temps, je ne pouvais plus reculer. Je me devais donc de m'ouvrir à elles. J'inspectai furtivement les alentours pour m'assurer que personne ne nous observe même si je savais très bien que nous aurions senti l'approche d'un autre vivant. Je pris mon courage à deux mains pour raconter cette histoire pour la première fois depuis mon exil :

''J'habitais dans une chaumière un peu à l'écart du village où j'ai vu le jour. Ma mère, Shaya, était une femme affublée d'une grande beauté et d'une douceur sans bornes. Mon père, quant à lui, était un peu plus distant et antisocial. Il cachait pourtant un instinct de protection et un amour inconditionnel pour sa femme. Ils se sont rencontrés dans une bien fâcheuse situation, je dois dire ! Un membre de notre clan, visiblement ivre, s'était jeté sur ma mère pour combler ses pulsions perverses. Mon père qui passait par là a volé au secours de la dame en détresse. Malheureusement, la bataille a dégénéré. Mon père est sorti vainqueur de la forêt, tenant ma mère dans ses bras couverts de sang. Vite recherché pour l'assassinat de cet homme, il vécut caché chez Shaya qui lui avait offert le gîte en signe de reconnaissance. Très tôt, ils tombèrent amoureux et décidèrent d'avoir un enfant. Je suis née avec le symbole que mon père portait au front et c'est une des raisons pour laquelle je ne peux pas retourner dans mon village. Je serai immédiatement reconnue comme la fille de l'assassin et jugée pour le crime de mon paternel.''

Prenant une courte pause pour laisser aux jumelles le temps d'assimiler toutes ces informations, je leur montrai la marque que mon père m'avait laissée. D'une grosseur certes discrète, sa couleur rouge éclatante, quant à elle, ne passait pas inaperçu.

''Je passai onze ans dans la joie d'une famille aimante et je développai très tôt un attrait et un talent fou pour la musique. Peu importe ce que mère me rapportait du village, je trouvais toujours le moyen d'en faire de magnifiques mélodies reflétant mes sentiments les plus profonds. Pourtant, cette mélopée douce et joyeuse se transforma bien vite en une chanson macabre et mélancolique. Un jour, ou plutôt une nuit, mon père disparut sans laisser de traces et sans raison. Ma mère pleura son amour perdu et changea peu à peu. La douleur lui était insupportable. Elle se transforma en une femme remplie de haine envers la seule chose qui lui rappelait son chéri : moi. Je sais que je la faisai souffrir tous les jours, lui rappelant l'absence de l'homme qu'elle avait tant aimé. Elle avait tout fait pour essayer de tourner la page, mais la douleur était trop profonde. En cette nuit sans lune, elle se rattacha à la seule chose qui lui apportait du réconfort. Voir une autre personne souffrir plus qu'elle diminuait sa peine. Elle voulait faire mal à la source même de sa propre douleur. Je fus donc la cible de sa haine et sa rancœur. Elle voulait tant faire disparaitre celui qui avait ravi son cœur pour partir en le lui arrachant...''

Je comprenais la peine de cette femme en quête d'espoir. Elle qui avait tout donné et qui avait ouvert son cœur pour finalement s'y faire planter un poignard. Je ne referai pas la même erreur. Je recommençai mon récit avec le même ton de détachement à cette histoire qui faisait maintenant partie du passé :

''Six ans plus tard, je trouvai le katana de mon père sous le plancher de ma chambre. J'apaisai alors les douleurs de cette femme qui avait déjà trop souffert. Je suis maintenant moi-même recherchée pour meurtre ce qui est la deuxième raison de mon exil. Je ne peux pas retourner auprès des miens.''

En y repensant, c'est quand même ironique que tous les porteurs de cette fichue marque aient assassiné quelqu'un. Était-ce une malédiction ? Un sourire vague de nostalgie et de tristesse se dessina dans mon esprit. Je restai calme en attendant la réplique de mes interlocutrices qui n'avaient toujours pas bougé. Le temps sembla s'arrêter. Même si cette histoire aurait dû faire monter en moi de la colère contre ma génitrice qui avait fait de moi une cible innocente, aucun sentiment ne s'éleva en moi. Je narrai les évènements comme si c'était le passé d'une autre. À quoi pouvais bien penser Rose ? Que j'étais une psychopathe sans cœur ? De quelle manière elle allait me découper en rondelles ? Peu importait maintenant. J'avais réalisé leur souhait et elles, remplirent ma condition. Je restai immobile attendant patiemment leur réplique.

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

Son histoire était touchante. Malgré le meurtre énoncé par la jeune Inu, le meurtre de sa propre mère, les jumelles pouvaient constater à quel point cette décision avait été difficile, à quel point elle aimait ses parents, à quel point elle souffrait d'être responsable des douleurs de sa mère et de son meurtre.

À présent, Maïwen tremblait de tous ses membres, comme attendant son jugement. Elle pensait sans doute que les jumelles ne voudraient plus avoir affaire avec une meurtrière après leur discours un peu plus tôt. Mais aucune des deux ne pensait cela. Au contraire. Un profond respect s'éveilla en elles. Le respect d'avoir fait un choix difficile, d'avoir tout abandonné pour abréger les souffrances de sa mère. Car on voyait bien que Maïwen n'avait pas fait cela pour se protéger elle-même, non.

Rose se leva et s'approcha d'un pas lent vers Maïwen. Lorsqu'elle fut juste devant elle, elle tendit une main vers la jeune Inu, et Amaryllis éleva la voix là où sa soeur ne pouvait plus, sa gorge nouée :
"Tu as eu toi aussi un passé éprouvant, Maïwen Murasaki. Tu as fait un choix difficile, et je pense... non... nous pensons que tu as fait le bon choix. J'espère que tu pourras te relever de ce passé et poursuivre ton chemin, tes rêves."

Il y eut une petite pause, puis Amaryllis termina sur une petite note joyeuse :
"Et qui sait, peut-être devenir une artiste intinérante, toi qui aimes la musique."

Rpiste moyen Messages : 60 Date d'inscription : 05/08/2014

J'étais abasourdie. Des larmes coulaient incontrolablement de mes yeux dorés. Un grand sourire illuminait pourtant mon visage. Je pleurais comme je n'avais jamais pleurée avant. C'étaient des larmes sucrées qui coulaient sur mes joues. Le soulagement et le bonheur profond que me procurait cette main tendue, étaient comme un baume sur mon cœur tourmenté. C'était comme une lumière qui me guidait vers le bon chemin, comme la main que l'on tend à une enfant qui vient de tomber. Que l'on me prenne pour une gamine ? En ce moment, je n'en avais que faire.

''Le sourire aux lèvres et la larme à l'œil, je suis pathétique !''
M'exclamai-je entre deux soubresauts. J'empoignai solidement la main qu'elle me tendait et me releva souplement.

''Ne me dites pas que Rose la grande a la gorge nouée ! Qui l'aurait cru !
Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire après cette déclaration des plus sarcastique. Rire. Une chose que j'avais oubliée depuis bien longtemps.
Sa main rassurante avait complètement annihiler la barrière qui séparait les deux jeunes femmes de la véritable moi, tapis dans l'ombre depuis trop longtemps déjà.

Qui aurait cru que le contact humain pouvait créer un tel lien entre deux personnes ? Sans trop y penser, j'enlaçai la première personne qui avait daignée écouter mon histoire. Tous les sentiments que j'avais refoulés sortaient maintenant dans un flot de gestes que je n'aurais jamais osée poser en temps normal, mais je n'en avais cure. Mes pleures calmées et mon corps ayant cessé de trembler, je trouvai la force dans cette étreinte de murmurer :

''Je vous remercie du fond du cœur pour tout ce que vous avez fait pour moi. Je vous en suis redevable. Un jour, nos routes se recroiseront et ce jour, vous verrez une femme nouvelle. Ce n'est qu'un au revoir, oneesan!''

Je leur donnai un dernier sourire avant de terminer notre étreinte et de disparaitre dans la nature. Une dernière larme roula sur ma joue alors que je courrais dans les bois, je murmurai alors pour moi-même :
''Ce n'est qu'un au revoir...''

Rpiste moyen Messages : 67 Date d'inscription : 18/07/2014

L'Inu disparut aussi vite qu'elle était apparue, et les deux jumelles restèrent dans la clairière, regardant son ombre partir.

C'était une rencontre intéressante qu'elles venaient de faire. Et sans doute une bonne action que les réjouit du plus profond de leurs âmes. Car depuis qu'elles avaient pris la route, les jumelles Soulderia n'avaient hélas que rendu jugement aux âmes responsables du massacre de leur village, ainsi qu'aux êtres accomplissant de mauvaises actions. Jamais encore elles n'avaient soutenu quelqu'un.

Et ce sentiment les réjouissait.

À ce stade, les jumelles se demandaient vraiment ce que l'avenir leur réservait compte tenu des rencontres qu'elles avaient faites ces derniers temps. Peut-être finiraient-elles un jour par recontrer celui qui empêchait encore aujourd'hui les âmes de leur clan de se reposer comme il se devait...

» Un intrus ? [PV Daphnée Lirwel/Maïwen Murasaki] /!\ Yuri /!\ [Terminé]
» Maïwen Murasaki
» Maïwen Murasaki
» Une Taverne a découvrir [PV Maïwen Murasaki]
» Des bas et des hauts [PV Khaël] [Terminé]