Un vent frais soufflait dans les feuilles ce jour-là. Le soleil, habituellement caché par les arbres, se faisait entrevoir à travers un trou de verdure, et réchauffait de ses rayons les alentours. C'était une journée superbe, sans un nuage pour voiler le ciel, et le milieu de l'après-midi semblait radieux.
Au centre de la clairière, sur un rondin de bois mort, se reposait Cécil, qui avait décidé de faire une pause, après un long chemin dans ces bois. En effet, après une recherche qui s'était avérée presque infructueuse sur les territoires elfes, il avait décidé de partir en vadrouille, sur les routes, comme il avait l'habitude de le faire.
Cependant, cette fois-ci, il avait deux objectifs. Comprendre sa malédiction et surtout, faire payer cette femme. Il ne savait pas qui elle était, ni où la trouver, mais une chose était sure, à chaque frisson qu'il ressentait, sa détermination se renforçait.
Après un soupir, il laissât tomber son sac au sol et se mit à inspecter ses mains. Une fois encore, une sorte de lueur bleue les parcourait, et semblait battre à la cadence de son cœur. Le froid qui en émanait était presque palpable, comme un supplice de chaque instant.
Il prit alors sa gourde et la portât à ses lèvres. L'eau était fraîche et il ne sut dire si cela lui fit du bien ou si ça le déprima encore plus. Mais une idée lui vint en tête. L'eau était fraîche... Trop fraîche. Bien qu'il ne sentait plus la chaleur, pendant le voyage, elle aurait dû être au moins tiède. Il trempa alors son doigt dans l'eau et ferma les yeux.
Il fit le vide dans sa tête. Ce ne fut pas chose aisée. Lui qui était habitué à être toujours à l’affût du moindre bruit dut faire abstraction du vent dans les feuilles, du vol des oiseaux et des insectes qui venaient se poser sur son front, des gouttes de sueur qui perlaient sur sa peau.
Mais petit à petit, tout devint noir. Il resta ainsi pendant un temps qu'il ne serait pas capable de mesurer. Après tout, c'était agréable d’être ainsi. Il ne pensait à rien, et pour peu, le froid environnant ne semblait plus aussi gênant.
Il se souvint de toutes ces fois où la magie ne semblait n’être qu'en lui, mais aussi agir autour, avoir une emprise réelle sur le monde. Il vit défiler dans sa tête ces moments où, suite à une forte émotion, une trop grande frustration, l'air s'était brusquement gelé et les gens aux alentours étaient choqués du brusque gel de leurs boissons dans leurs choppes.
Alors, les propos que lui avait tenus l'elfe lui revint à la mémoire.
"Veux tu t'en débarrasser ou le maîtriser m'avait il demandé." Puis, les mots entendus se mélangèrent dans son esprit, l'attirant au plus profond de son être, comme un escalier obscur.
Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, il avait oublié pourquoi il les avait fermés. Ce fut comme s'il sortait d'un demi-sommeil mais lorsqu'il mit les yeux sur sa gourde, il fut choqué.
Son doigt était pris dans la glace. La surface de l'eau avait gelé. Une glace si fine qu'au moindre mouvement il la briserait, mais une glace tout de même, qui n'avait aucun lieu d’être.
Il regarda son bras, tout autour, la lueur pulsait avec force, brillait même d'une lueur blafarde. Cécil lui était... fasciné. Il fallait qu'il en apprenne plus.
Le soir commençait à tomber. Il décida de commencer à chercher du bois pour faire un feu. La lueur éloignerait les bêtes, et lui permettrait d'y voir correctement. Lorsque le feu fut démarré, il s'assit sur la souche et se mit à contempler son bras.
La lueur était revenue à la normale, et rien ne laissait supposer qu'il y avait eu un tel changement si peu de temps auparavant. Tout semblait aussi normal que d'habitude.
Cécil prit alors sa gourde et jeta l'eau devant lui d'un geste sec tandis que de l'autre bras il visa le jet, le doigt tendu, et ce qui devait arriver arriva...
L'eau retomba sur le sol, arrosant copieusement l'herbe et le voleur eut juste l'air affreusement ridicule.
"Heureusement je suis seu..." Et à l'instant même où il essayait de se rassurer et de se redonner une contenance, des bruits de pas se firent entendre dans la pénombre.